– Bilan de l’année 2018 – Le top de la rédaction

Même si 2018 a été moins riche que 2017, l’équipe de Chromatique a redoublé d’efforts pour dénicher les pépites de l’année passée. La Chromateam vous présente ses meilleurs voeux pour une année 2019 pleine de découvertes musicales. De notre côté, nous allons continuer à couvrir l’actualité des musiques novatrices avec tout autant de passion en plus de vous préparer une petite surprise !

Choréo

Les albums de l’année

1 : Trondheim Voices & Asle Karstad- Rooms & Rituals
2 : Pryapisme – Epic Loon OST
3 : In Love With – Coïtus Interruptus
4 : Jowee Omicil – Love Matters!
5 : Fidel Fourneyron – Animal

En tant que nouveau membre de Chromatique depuis le mois de mai, cette « année » aura duré un peu moins de 8 mois. Malgré cela, de très bons albums émergèrent et l’on a eu le droit à de belles découvertes ! Dans un ensemble assez éclectique, il faut avouer que nos artistes locaux ont particulièrement brillé. C’est dans le domaine du Jazz que les artistes français ont pu briller notamment avec Animal de Fidel Fourneyron ou encore l’excellent Coïtus Interruptus d’In Love With. Quel déchaînement, quelle énergie ! Nos amis les Gaulois sont montés sur ressort et ça envoie du lourd… Un autre groupe français est présent dans le palmarès, et pas n’importe lequel… Nos amis Pryapisme sont revenus cette année avec le déjanté Epic Loon OST. Quand on parle d’énergie, on ne peut imaginer ce que nous ont pondu ces fous du rock : LE projet dément qui affolera tous les auditeurs cette année. Mais ce sont nos voisins les Norvégiens qui reçoivent le mouton d’or de 2018 avec le stratosphérique « Rooms & Rituals ». Le concept est original, la prise de son exemplaire (alors que ce n’est que du live !) et puis les morceaux foutent les poils. Il y a ce petit plus d’âme qui nous transporte et qui fait frissonner (de peur ou de bonheur). Jowee Omicil s’est montré plus sage et c’est cette sobriété et l’exotisme qu’il a su nous proposer qui a fait que Love Matters! a pu briller. Une année qui nous a donc permis de découvrir aussi bien des jeunes artistes émergents (Moskus, Trio Abozerkys, Ezra Collective, etc…) que d’autres plus confirmés. Pleins de très beaux démarrages qui ne cessent de nous donner envie de découvrir la suite des évènements ! Hâte de voir ce qui va naître en 2019…

L’espoir de l’année : Robert Szewczuga Trio

Un album vraiment prometteur qui nous a permis de découvrir de superbes titres comme New-Old ou encore Apo. Si d’autres compositions n’ont pas forcément été aussi concluantes, il y a un vrai sens du rythme et de l’arrangement au sein de ce trio. De belles idées et un jeu très fin, ces Polonais sont à suivre de très très près.

La déception de l’année : Wolfgang Mitterer

Remixer les neuf symphonies de Ludwig van Beethoven afin que le tout tienne en une heure. Avec une idée pareille, c’était quitte ou double. Et malheureusement le résultat n’est pas du tout au rendez-vous… Véritable cluster cauchemardesque, accrochez vos ceintures ! Ça manque de cohérence et le concept a surement pris le dessus sur la production de cet album. Peut mieux faire, c’est certain

L’initiative de l’année : la ré-édition de «Windows» de Jack Wilkins

Un tel album méritait de revenir sur l’avant de la scène. Classe et finesse, la ré-édition de Windows n’a pas perdu sa patte vintage et a eu le droit à un très bon mixage. On garde la douceur du jeu de Wilkins, les atmosphères créées sont respectées, un nouvel écrin pour ce petit bijou. Pour ceux qui n’avaient pas vu passer ce premier album à l’époque, foncez le découvrir car on est sur du très bon, du très très bon !

Dan Tordjman

Les albums de l’année

1 : Riverside – Wasteland Waste7nad
2 : Spock’s Beard – Noise Floor
3 : Kino – Radio Voltaire
4 : Haken – Vector
5 : Ghost – Prequelle
Bon, votre serviteur a mis involontairement le hola sur les albums mais s’est tout de même envoyé quelques orgasmes auditifs de qualité. En tête de liste, Riverside, revenu de l’enfer suite à la disparition de Piotr Grudzinski, suivi par Spock’s Beard au top de sa forme avec Noise Floor. Quant à John Mitchell, chacune de ses productions est un évènement. Le dernier Kino ne déroge pas à la règle. Pour finir, Haken est là, relevant la barre un peu plus à chaque album. Un peu Ghost et comme son éminence, le Cardinal Copia qui, avec Prequelle a mis une belle claque à tout le monde

Les concerts de l’année

Quelques concerts ? Oui, votre serviteur s’en est mis quelques-uns entre les esgourdes. Il a pu apprécier la pêche de Dark Tranquillity, le raffiné de Riverside et la joie de vivre sur scène de Spock’s Beard & The Flower Kings, tous trois à la Machine du Moulin Rouge. Il a également pu admirer les gammes orientales d’Orphaned Land à l’Espace B, en pleine Coupe du Monde ! Si, si ! Dans un registre un peu plus mainstream il s’est fait un sacré plaisir avant la naissance programmée de sa fille fin février, en allant voir Paul McCartney à La Défense Arena.

L’espoir de l’année : Did et Anasazi

Une fois n’est pas coutume, l’espoir de l’année est Made In France et sera bientôt dans ces colonnes. Mais DID et Anasazi ont sorti deux albums de très haute facture. A lire bientôt ici.

La déception de l’année : The Sea Within

Déception est un mot peut-être trop fort. Mais le casting faisant rêver, on était en droit d’attendre mieux de la part de The Sea Within d’autant que peu après la sortie de l’album, Daniel Gildenlöw, pris par Pain Of Salvation, fut annoncé partant, remplacé par Casey McPherson (Flying Colors).

L’initiative de l’année : Le biopic Bohemian Rhapsody

Pas de commentaires à faire. Allez le voir !

CHFAB

Les albums de l’année

1 : All Traps 0n Earth – A Drop Of Light
2 : Homunculus Res- Della Stessa Sostanza Dei Sogni
3 : The Tangent – Proxy
4 : VAK – Budo
5 : Regal Worm – Pig Views
6 : Camembert – Negative Toe
7 : Jordsjø – Jord
8 : Scherzoo- 04
9 : Argos – Unidentified Dying Objects
10 : Amgala Temple- Invisible Airships

Belle année pour le jazz rock, le Canterbury et la Zeuhl, pour le reste du prog, pas renversante…

Les concerts de l’année

Je n’ai malheureusement pu soit être présent à des concerts intéressants là où je vis (Rennes) soit me déplacer à Nantes ou à Paris, alors je me suis rattrapé sur les vidéos disponibles avec le net. Je retiens donc: King Gizzard And The Lizard Wizard (dingue, trois guitaristes, deux batteurs!), Forever Pavot (Emile Sornin parvient à restituer parfaitement l’esprit BO de films 70s, entre groove gainsbourien, Morricone et Goblin, superbe), The Lemon Twigs (ces deux frangins sont incroyablement doués, même si le plus jeune a tendance à s’auto-saborder en solo, et donc gâcher un peu la fête), je citerai enfin les quelques extraits de la tournée de King Crimson, ahurissants de cohésion (les trois batteurs!), de puissance et d’inspiration (tous les albums quasiment sont visités). Pas de Crescendo cette année, l’affiche ne me tentait absolument pas, malgré quatre jours de programmation, à part Yang, que je regrette amèrement d’avoir loupé… Une déception, au concert d’Arthur H, à Rouen, d’un ennui abyssal, set list uniforme, musiciens totalement désinvestis, textes souvent les mêmes, plutôt attendus, et lui, ben… assez mou… J’attendais beaucoup mieux…

L’espoir de l’année : ZWOYLD

Cocorico! Un premier album d’une déjà belle maturité, des prouesses guitaristiques, du groove, de la force, de la folie, de l’émotion et de l’humour, sans tricherie ni complaisance, une facilité à aborder des ambiances très variées, des claviers un peu en retrait cependant, et parfois quelques flottements rythmiques, mais franchement ce groupe français s’annonce comme une belle promesse. Ce premier album est une irrésistible montée en puissance.

La déception de l’année : le nouveau Gosta Berlings Saga

Un album très froid, ultra produit, très répétitif, noyé de réverbe, très années 80, quasiment que de la boîte à rythme, Il ne reste presque plus rien du groupe des débuts, les membres ayant presque tous changés…

L’initiative de l’année : la sortie du nouvel Alco Frisbass et les Gilets Jaunes!

Florent Canepa

Les albums de l’année

1 : Dead Letter Circus Dead Letter Circus
2 : Vola Applause of a distant crowd
3 : Overhead – Seventeen
4 : A Perfect Circle – Eat the elephant
5 : Carpenter Brut – Leather Teeth
Autant le dire tout de suite – 2018 ne fut pas, à titre personnel, une année éminente. Exit les pas-si-mal-mais-moins-bien-qu’avant (Riverside, Ghost, Spock’s Beard ou encore Haken), qui certes de bonne facture, ne donnent pas réellement envie de concéder une célébration ou crier au génie. Peu de découvertes frappantes, de celles dont on imagine que le foisonnement créatif pourra rayonner sur les décennies à venir. Non, c’est presque chez les outsiders de qualité que l’on pourra ressentir un petit brin d’excitation. L’éponyme des Australiens de Dead Letter Circus, injustement oublié, à la carrure pourtant solide et au discours profond. Captivant et dense, notamment grâce au travail de réalisation de Forrester Savell, qui avait enveloppé les géniaux Karnivool. Suivi de peu par les Danois de Vola qui réussissent l’habile mélange métal et pop. Plus contrasté et accessible que leur premier effort Inmazes, Applause of a distant crowd laisse à penser que le meilleur reste à venir. Plus classique mais tout aussi appétissant, les Finlandais d’Overhead confirment une nouvelle lecture du progressif symphonique et livrent neuf titres féconds, puisant aussi bien dans le FM de Malmsteen que Black Sabbath. A la quatrième place, voici un groupe dont les rares apparitions confèrent presque immédiatement le statut de culte. Il faut dire qu’à force d’attendre Tool, on se met à apprécier les livraisons même sporadiques de A Perfect Circle, qui sait mêler métal ronronnant et complaintes éthérées. En fin de course, un coup de coeur anachronique et sans doute plus étonnant dans ces colonnes : la claque électro-gothico-passéiste de Carpenter Brut, qui non content de signer une pochette si ringarde qu’elle en est jouissive, martèle ses BPM aguicheurs sur fond de film d’horreur des années 80. Alors certes, cela surfe sur un revival où le macabre croise les consoles Amstrad (Hello, Stranger Things), mais c’est tellement dansant qu’il est difficile de résister à ce cabaret glam.

Les concerts de l’année

Impossible d’oublier la fougue stellaire encore ardente de fin d’année offerte par le brillantissime Guillaume Perret. Autant son album/bande-son documentaire 16 levers de soleil manquait légèrement de puissance malgré de solides compositions, autant la prestation live éclipse définitivement ces quelques lacunes pour offrir un rare moment de poésie qui donne envie de s’accrocher aux étoiles. Juste derrière et même par certains côtés avant (l’habitude de la perfection rend plus sévère sans doute), Steven Wilson embrasait et embrassait la Halle 622 à Zürich en février dernier pour débuter la tournée européenne. Au delà de l’éloquence des titres, c’est le savoir faire qui transpire dans la maîtrise d’un show mêlant intimité et puissance, effets d’écrans époustouflants et clips spécialement réalisés ou revisités pour l’occasion. L’Anglais s’impose comme la référence progressive en matière scénique. Pour finir le podium, un petit coup de coeur étonnant et hors des sentiers battus : Heilung, tribal, déconcertant, qui propose au Hellfest un spectacle viking en forme de voyage spirituel, mystique et ferait presque passer Dead Can Dance pour un combo world accessible de chez Realworld. Envoûtant ! L’espoir de l’année : Disconnected

Frais, fort, français : Disconnected montre, via le très recommandable Apathia Records, la force de son White Colossus, qui allie violence et assise et se permet même de tutoyer humblement Gojira ou Deftones. Rien que ça.

La déception de l’année : The Pineapple Thief

Nous aurions pu copier-coller ici l’excitation de fin d’année dernière, à savoir The Sea Within mais nous serons finalement encore moins cléments à l’égard d’un groupe qui avait su pourtant briller si fort il y a peu. La dernière livraison du gang de Bruce Soord n’est pas fondamentalement mauvaise, juste insipide au regard de la puissance mélodique que le groupe sait délivrer. Alors oui, c’est un peu dur de finir ici mais après tout, les grands espoirs engendrent souvent les grandes déceptions quand le niveau anticipé n’est pas atteint.

L’initiative de l’année : Neal Morse, souverain pontife

Il fallait que cela arrive, à force d’évangiles et autres psaumes. Neal Morse prépare un album foncièrement religieux, fondamentalement conceptuel et définitivement annoncé comme monumental. Jesus Christ-The Exorcist est un opéra rock aux allures de pièce montée. Gospels extasiés, eucharisties guitaristiques, prenez et mangez en tous, ceci est son corps livré pour vous !

Chrysostome

Les albums de l’année

1 : Fred Pallem & Le Sacre du Tympan – L’Odyssée
2 : Quartet Diminished – Station two
3 : Nik Bärtsch’s Ronin – Awase
4 : Lunatic Soul – Under the fragmented sky
5 : Guillaume Perret – 16 Levers de soleil
6 : Beak> – >>>
7 : Mathias Eick – Ravensberg
8 : Stéphane Galland – Stéphane Galland & The Mystery of Kem
9 : Dusan Jevtovic – Live at Home
10 : Mermonte – Mouvement

Ayant rejoint la rédaction de Chromatique en août, j’ai dû passer à côté de nombreuses sorties de 2018. Quoi qu’il en soit, l’année aura été riche en belles surprises, à tel point qu’il a fallu être sélectif pour aboutir à cette liste des 10 meilleurs albums !
Des valeurs sûres qui n’ont pas déçu : Nik Bärtsch’s Ronin et Mermonte, qui n’avaient pas sorti d’album depuis quelques années, ont été à la hauteur de l’attente. Quant à Fred Pallem, il nous a gratifié du meilleur album du Sacre du Tympan.
Des side-projects de groupes célèbres, différents, moins connus, mais aussi bons si ce n’est meilleurs que les projets principaux : Lunatic Soul (Mariusz Duda de Riverside) et Beak> (Geoff Barrow de Portishead).
Plein de découvertes de musiciens jazz aux frontières d’autres genres que je ne connaissais pas avant cette année : Quartet Diminished, Mathias Eick, Stéphane Galland et Dusan Jevtovic. Et un retour en grâce de Guillaume Perret, dont le précédent album ne m’avait pas passionné.

Les concerts de l’année

1 : The Musical Box – Salle Pleyel, Paris 4 décembre 2018
2 : Roger Waters – U Arena, Nanterre 9 juin 2018
3 : Leprous – Le Forum, Vauréal 24 septembre 2018
4 : Mörglbl – Le Forum, Vauréal 4 mai 2018
5 : Steven Wilson, Paris – L’Olympia, 12 mars et 7 juillet 2018

2018 aura été l’occasion de voir quelques légendes du prog, même si parfois de manière indirecte. Roger Waters (à défaut de Pink Floyd) pour un show toujours grandiose, qui mettait l’accent sur l’album Animals, donnant l’envie de se replonger dans cet album. The Musical Box (à défaut de Genesis) pour un best-of live des années prog du groupe (1970-77) qui mettait en lumière un magnifique Wind & Wuthering, ultime album avec Steve Hackett trop souvent oublié. Le spectacle de Steven Wilson pour To the Bone est tellement excellent qu’il méritait d’être vu deux fois en l’espace de quatre mois. On m’avait vanté les mérites de Leprous en live et ayant enfin pu les voir, je ne peux que confirmer. Enfin, Mörglbl qui ne déçoit jamais en concert fêtait cette année ses 20 ans d’existence avec une superbe soirée anniversaire pleine d’invités surprise, filmée dans l’optique d’une future sortie DVD. L’espoir de l’année : El Tubo Elastico

La magie de faire partie de la rédaction d’un webzine comme Chromatique, c’est quand un groupe totalement inconnu et sans label vous envoie son disque dans le but d’être chroniqué et que vous faites une découverte enthousiasmante que vous avez envie de faire connaître. C’est le cas d’ Impala des Catalans El Tubo Elastico qui pratiquent un post-rock d’apparence assez conventionnelle à première vue, mais intègrent à certaines de leurs compositions des influences (jazz, funk, électro) ou des instruments (chapman stick, darboukas) inattendus qui laissent imaginer un résultat assez original et prometteur s’ils venaient à poursuivre dans cette direction. La déception de l’année : Donny McCaslin

A partir de juin, Donny McCaslin a commencé à teaser son album à venir en sortant un single par mois. Ce qu’on découvrait laisser imaginer un pari assez audacieux : le croisement parfait et inattendu entre l’indie pop et le jazz ! Sauf que quand l’album est enfin sorti en octobre on a découvert que la fusion n’était pas totalement aboutie ni assumée et que l’avant-goût était trompeur.
Une autre déception, mais toute relative, aura été le deuxième Living Being de Vincent Peirani. Le premier était une véritable perle de jazz-rock et Nightwalker, sans être mauvais n’atteint pas les mêmes sommets.

L’initiative de l’année : les réalisateurs de films qui font des choix audacieux et inattendus pour leurs B.O.

Luca Guadagnino a fait appel à Thom Yorke pour écrire la B.O. de son remake du film d’horreur Suspiria. Le chanteur de Radiohead, contrairement à Johnny Greenwood, n’avait encore jamais écrit de score pour le cinéma. Son entrée en matière est réussie et même sans avoir vu le film, je vous garantis que d’écouter la B.O. de Suspiria seul le soir dans un grand bâtiment vide fichera une sacrée trouille même aux moins impressionnables d’entre vous (expérience vécue) !
Pierre-Emmanuel Le Goff a eu l’excellente idée de demander au saxophoniste Guillaume Perret d’écrir la B.O. de 16 Levers de soleil, son documentaire sur le voyage de Thomas Pesquet. Le résultat : un score d’une grande originalité qui ne ressemble à rien de ce qu’on a l’habitude d’entendre pour ce genre de film.
Côté initiative de l’année, signalons également le premier album de All Traps On Earth, groupe constitué essentiellement d’anciens membres d’Änglagård. Les Suédois qui avaient réussi à revigorer le prog dans son esprit originel dans les années 90 ont la fâcheuse habitude de se faire rares (seulement 3 albums en 26 ans !). Dès lors, la sortie d’un nouvel album dans l’esprit d’Änglagård (qu’importe si le projet porte un autre nom) est une excellente chose !

Thierry De Haro

Les albums de l’année


01 : Damanek – ”In Flight »
02 – Karcius – ”The Fold »
03 – Paul Mc Cartney – ” Egypt Station « 
04 – Southern Empire – ” Civilization « 
05 – Light Damage – Numbers
06 – Riversea – ” The Tide »
07 – Ry Cooder – ” The Prodigal Son « 
08 – 4DB – ” Animal « 
09 – Spock’s Beard – Noise Floor
10 – A Perfect Circle – Eat The Elephant

Le meilleur album Live de l’année : Big Big Train « Merchants Of Light »
Le meilleur DVD/Blu Ray Live de l’année : Steven Wilson « Home Invasion – In Concert at the Royal Albert Hall »

Comme pour le vin, le rock progressif connaît des grandes années … et des moins bonnes. 2018 aura été pour moi un cru très moyen, dont le niveau de qualité est sauvé par quelques ovnis néo-prog ! Mais vous l’aurez remarqué, ma sélection comprend quelques albums (je me suis retenu quand même) n’ayant rien à voir avec la ligne éditoriale de votre site : Paul Mc Cartney, auteur d’un album en tous points remarquables et sans doute l’un des plus aboutis de sa carrière solo, et l’éternel Ry Cooder, dont la reprise de « Nobody’s Fault By Mine » vous arrache des larmes de bonheur. Il n’en reste pas moins que Sean Timms pourrait être l’artiste de mon Top 2018, car aussi bien avec Damanek qu’avec Southern Empire, il perpétue la richesse musicale d’Unitopia et nous propose sur cette dernière année écoulée une palette riche de mille couleurs musicales. Dans cette catégorie, on peut également citer Light Damage qui, avec son nouvel album, repousse les limites musicales d’un premier album déjà très prometteur. On ne pourra oublier nos cousins québécois, auteurs de superbes concerts en France l’été dernier et ayant à cette occasion dévoilé l’excellent The Fold. Côté Live, les albums confirment les prestations vues cette année – c’est-à-dire un millésime exceptionnel avec Steven Wilson et Big Big Train !

Les concerts de l’année

01 : Steven Wilson – Royal Albert Hall, London – March 2018
02 : Big Big Train – Loreley Festival – July 2018
03 : Jeff Beck – Olympia, Paris – June 2018
04 : Rickie Lee Jones – La Cigale, Paris – March 2018
05 : Camel – Loreley Festival – July 2018
06 : Magenta – Prog En Beauce Festival – October 2018
07 : Magma – Le Triton, Paris – January 2018
08 : Flower Kings & Spock’s Beard – Machine du Moulin Rouge – December 2018
09 : King Crimson – Olympia, Paris – November 2018
10 : Jean-Luc Ponty – Espace Carpeaux, Courbevoie – November 2018
11 : Franck Carducci Band – Crescendo Festival – August 2018
12 : Ange – Café de la Danse, Paris, June 2018
13 : Roger Waters – U Arena, Paris – June 2018
14 : Youn Sun Nah – Espace Carpeaux, Courbevoie – November 2018
15 : Riverside – Loreley Festival – July 2018

Difficile de ne pas mentionner tous les concerts – Julie Erikssen, Médéric Collignon, Gaelle Buswel, 4DB, Ry Cooder, les artistes « vus en double » (Franck Carducci, Riverside, Arena) ou « en triple » (Steven Wilson, Ange) … bref, il a fallu faire un choix que je n’ai pu réduire à moins de 15 malgré les voix intérieures qui me disaient d’être raisonnable. Mais si la musique enregistrée est facilement accessible aujourd’hui via les plateformes de téléchargement, l’instant live reste unique car chacun peut le vivre et se l’approprier à lui seul ! Alors 2018 a été riche en concerts et si le choix des 3 premiers est indiscutable, les autres pourraient être redistribués tant l’émotion vécue à chacun d’eux était forte.

L’espoir de l’année : Smalltape
Smalltape fut pour moi la révélation du festival Loreley, un groupe (allemand) dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Mélangeant rock progressif, jazz fusion, folk, californien, leur album The Ocean sorti fin 2017 est une pure merveille et révèle de nouveaux secrets à chacune de ses écoutes. L’espoir pour moi de voir se perpétuer un groupe dont la musique correspond à ce que j’ai envie d’entendre.

La déception de l’année : The Sea Within
La notion de super groupe n’est pas toujours synonyme d’inspiration et cet album en est la preuve. Hormis une pochette somptueuse, l’écoute de chaque titre semble être une longue suite de plans réchauffés et collés bout à bout, mais il manque à cet album ce qui fait la force du rock progressif : une âme ! La même impression domine sur scène où chaque musicien y va de son solo, mais au-delà, leur musique me laisse froid. Une déception à hauteur du brillant casting de musiciens autour de Roine Stolt et Daniel Gildenlöw.

L’initiative de l’année :
Il ne s’agit pas d’une initiative isolée mais d’un grand coup de chapeau destiné à toutes celles et ceux qui « osent » organiser concerts et festivals. A l’heure où certains festivals s’éteignent (comme le « BeProg » à Barcelone), dans un contexte économique difficile, certains passionnés bravent ces difficultés et proposent ces instants de bonheur à tous les amoureux de musique. Un grand merci à eux qui font vivre notre passion à travers les risques financiers qu’ils prennent, du Crescendo au Prog en Beauce en passant par Rock au Château – pour n’en citer que 3 largement partagés par notre communauté. Mais il y a aussi tous les autres …

Julien Giet

Albums l’année


1 : Haken – Vector

J’assume ; mon objectivité concernant Haken n’est qu’une illusion à laquelle personne ne croit de toutes façons. Enfin, ce n’est pas ma faute si tout leur réussit ! Rendez vous compte de l’excellence de leur dernier opus, Vector ! Chef d’œuvre et je pèse minutieusement mes mots. Il m’est frustrant de lire ou d’entendre dire que cet album a déçu des personnes l’ayant de suite comparé aux productions précédentes dès la première écoute sans lui laisser l’ombre d’une seconde chance. De prime abord, Vector ressemble à une autoroute linéaire sans reliefs, j’en conviens. Mais au fil des écoutes on le décode, on le comprend, on lui trouve des subtilités judicieuses. Haken regorge d’audace et maîtrise parfaitement tout ce qu’ils abordent. Pas de bol, ils sont, de plus, super sympas. Compliqué de leur trouver des défauts. Même L-1VE sorti quelque mois plus tôt est génial. Même l’EP L+1VE distribué en un combo vinyle+EP constituant un rapport qualité prix exemplaire est savoureux. Tout leur réussit. Et ils ne sont pas près de s’arrêter là. En ce qui concerne mon attachement sentimental envers leur musique, n’ayez crainte : une admiration quasi idéaliste engendre systématiquement une exigence à la pointe.

2 : Gleb Kolyadin – Gleb Kolyadin

A partir de là, la numérotation de classement n’a plus aucune valeur de jugement.

Iamthemorning a été une surprise délicieuse. J’ai été surpris en découvrant par hasard To Human Misery extrait de leur EP Miscellany. Comment ne pas tomber sous le charme de la symbiose développée entre le piano romantique de Gleb Kolyadin et la voix angélique de Marjana Semkina ? Je me suis donc renseigné sur ce groupe et j’ai appris que plus tard, au cours de l’année 2014, ils sortiraient leur album Belighted

. Alors j’ai attendu. Je l’ai commandé à Gibert Joseph quai Gailleton à Lyon même, pour être certain de ne pas le rater (à quelques semaines sortait l’excellent The Third Day de North Atlantic Oscilliation). Puis je l’ai reçu et je l’ai écouté. La magie a opéré. Deux ans plus tard, même scénario avec leur album Lighthouse. Mon cœur fut pris en otage par leurs douces mélodies envoûtantes sans difficulté. Enfin, en 2018, Gleb Kolyadin annonce un album solo. Intrigué, j’ai patiemment attendu la sortie de cette curiosité comportant tout de même des invités de choix (Steve Hogarth, Gavin Harrison, Nick Beggs, …). Coup de cœur immédiat. Gleb Kolyadin a réalisé un album solide constitué de titres forts et variés laissant apparaître progressivement bien des facettes de ses immenses talents pianistiques. En parcourant l’album on emprunte de véritables passages aux ambiances dépaysantes variées. Une œuvre poétique puissante et passionnante, un véritable joyau que je vous recommande chaudement.

3 : Gringe – Enfant Lune

Certes, nous sommes un sur un site consacré aux musiques sortant des sentiers battus. Alors vous me demanderez « mais que fait cet album de rap français dans ces pages ? ». Je vais vous répondre. Au cas où vous ne seriez pas au courant, Gringe est un artiste français opérant à la fois dans la musique et dans le cinéma en tant qu’acteur. C’est au sein du projet Casseurs Flowters qu’il a été révélé aux yeux du grand public aux côtés de son compère Orelsan (qu’il accompagnait déjà en tournée) dont la présentation n’est plus à faire. Après tant d’années dans l’ombre, il a pris le temps de concocter un premier album solo bluffant. La richesse textuelle s’exprime en références et en métaphores poétiques spontanées (Si l’amour est dans l’air je bat des records d’apnée), la qualité de production globale rend hommage au moindre mot et aux moindres ambiances dégagées : tout se cache dans les détails. Enfant Lune n’est pas un album placé sous le signe du bonheur : il représente la complexité de la personnalité de son auteur mystérieux, Guillaume Tranchant, empli de doutes et sujet au mal du siècle. Enfant Lune est surprenant sur bien des points, touchants sur bien des aspects et doté vertus thérapeutiques déclamant ce que Gringe a sur le cœur. Bonne surprise.

4 : Mike Shinoda – Post Traumatic

Certes, nous sommes sur un site consacré aux musiques sortant des sentiers battus. Alors vous me demanderez « mais que fait cet album de hip hop américain dans ces pages ? ». Je vais vous répondre. Je suis d’une génération durant laquelle Linkin Park était quasiment incontournable. Ce mélange de rap US teinté de riffs tapissés de couches électroniques surplombés par la voix du regretté Chester Bennington ne me laissait pas indifférent et me confère toujours ce petit goût de nostalgie adolescente du début des années 2000. C’est à la disparition de son ami Chester Bennington que Mike Shinoda a dédié son premier album solo (premier album solo sous son nom, il avait déjà lancé le projet Fort Minor il y a une bonne dizaine d’années). Ayant vécu la réalisation de cet album (bien nommé Post Traumatic) comme une thérapie visant à le sortir de la dépression vers laquelle il se dirigeait, Mike Shinoda a réuni ses forces pour produire un album solide et empli de subtilités sonores des plus surprenantes. Les mélodies sont accrocheuses, le flow est impeccable, les invités sont bienvenus (notamment Chino Moreno). Un album aux vertus thérapeutiques déclarant ce que Mike Shinoda a sur le cœur, j’ai l’impression de me répéter.

5 : Between the Buried and Me – Automata

. Alors cet album … En parler va m’énerver, je vous préviens. Vous le retrouverez dans mon onglet consacré aux déceptions. Alors vous me demanderez pourquoi il est ici dans le bilan positif de l’année (je trouve que vous me demandez beaucoup de choses). Eh bien parce qu’il est génial, tout simplement ! Il constitue ce que BTBAM sait faire de mieux majoré de passages innovants ajoutant encore des couleurs à la palette extrêmement riche que possède déjà le groupe. Cet album est une œuvre d’art mais ….. mais …… la suite plus bas. Coup de cœur

Maximum the Hormone – Korekara No Menkata Cottelee No Hanashi Wo Shiyou. Véritable coup de cœur de l’année 2018, le retour de Maximum The Hormone se fait dans l’efficacité la plus totale. Toujours aussi déjanté, le combo japonais maîtrise toujours autant son mélange cohérent de neo metal à la sauce rock alternatif mâtiné de j-pop. Leur énergie est d’un positivisme contagieux alimenté par une musique bien plus subtile qu’il n’y paraît aux premières écoutes. Je ne peux que vous recommander d’aller jeter un œil à leur clip « Maximum The Hormone II » issu de cet EP pour vous faire une idée de leur univers complètement barré.

Mentions honorables

Me limitant volontairement à 5 descriptions détaillées, je ne peux faire l’impasse sur les mentions honorables. Pour commencer j’aimerais mentionner le groupe de rock progressif français Ange qui fêtera bientôt son 50ème anniversaire. Ils ont, en 2018, eu l’audace de publier un album enregistré en public. Cet album, Heureux !, regorge de perles tapant directement dans la réserve la plus « progressive » que le groupe puisse proposer. «  Jour de Chance  »,«  Nancy Jupiter à la nage  », deux titres qui raviront les amateurs de rock progressif à l’ancienne. J’ai également envie de saluer l’effort de Spock’s Beard qui a dû faire face au départ de leur batteur Jimmy Keagan. Pour cet album, Noise Floor , nous avons droit au retour de Nick D’Virgilio derrière les fûts. Le résultat est des plus plaisants. Spock’s Beard continue son petit bonhomme de chemin en pouvant comptant sur un noyau dur de fans. Pour rester dans la thématique Nick D’Virgilio, parlons de la sortie de l’album live Merchants of Light » de son groupe Big Big Train. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas, il s’agit là pour moi du meilleur hommage que l’on puisse rendre au Genesis des débuts (sans pour autant abuser de similitudes du style de Pendragon). Cet album live restitue le génie du plateau d’excellents musiciens qui composent ce groupe incroyable. La set list constitue en un excellent best of. Hâte d’en savoir plus sur le nouvel album prévu pour 2019 ! 2018 a aussi été marqué par la collaboration de deux amis et collègues de longue date, Chick Corea et Steve Gadd. Les deux musiciens légendaires se sont unis pour nous concocter Chinese Butterfly, un concentré de la philosophie de chacun saupoudré d’excellentes performances de musiciens chanceux et talentueux invités à partager leur part de légende. Un trésor ! Au menu Jazz Fusion je demande également le dernier de Marcus Miller, Laid Black, toujours aussi bon. Marcus Miller se paie de luxe d’offrir à sa basse un duo avec l’excellente Selah Sue à travers un Que Sera magnifique. Puisque je dois penser à terminer ce paragraphe déjà bien long (impossible d’être exhaustif), je vais rapidement lister « Thank You for Today » d’un Death Cab for Cutie revigoré, Soyuz de Gazpacho inspirant, « Dissolution » d’un Pineapple Thief qui semble trouver gentiment sa voie, Sunhead d’un Plini sans faille, l’excellent Live in London du Esbjörn Svensson Trio, Another World du sous estimé Colin Edwin, ou encore In the Future Your Body Will Be the Furthest Thing from Your Mind d’un Faillure de retour pour de bon.

Petit ajout de dernière seconde; j’ai écouté avec du retard l’album solo de Larnell Lewis, In the Moment. Larnell Lewis est un poète ayant choisi la batterie comme moyen d’expression (il brille sur le dvd We Like it Here de Snarky Puppy). Techniquement affuté, c’est pourtant l’émotion qui guide son jeu au travers d’un album coloré. Excellente pioche ! Déceptions de l’année

De multiples déceptions sont venues joncher une année 2018 pourtant pas avare en bonnes surprises sucrées. Attaquons de suite par quelque chose qui fâche ; je ne citerai pas son nom mais j’aimerais afficher ma déception envers le comportement inexcusable d’un trompettiste talentueux envers une personne mineure. Je suis très déçu de lui, du plus profond de mon être autant que je le trouve immensément bon. Parlons de choses moins graves, 2018 aura vu le retour de la formation quasi originale des Smashing Pumpkins pour un album quelconque. Pas mauvais, mais sans vision, sans audace, sans prise de risque, … Insipide. Au menu des déceptions notables j’aimerais attirer l’attention sur le cas John Mitchell. Qu’on soit d’accord, je trouve ce musicien hyper talentueux voire surdoué. Je vois en lui un potentiel Neal Morse anglais. Seulement, n’est pas Neal Morse qui veut … Et je pense qu’on subit une petite période d’overdose de John Mitchell. En 2017 il sortait The Big Dream , très bon album sans grand génie, de son projet solo Lonely Robot. En 2018, il réactive subitement le nom de projet Kino (qui a sorti en 2004 un premier très bel album du nom de PictureRadio Voltaire . Pourquoi pas, Kino était originellement composé de John Beck aux claviers, Pete Trewavas de Marillion à la basse et de Chris Maitland, anciennement batteur de Porcupine Tree. Chris Maitland n’étant pas de la partie pour cet opus de 2018, ce sera Craig Blundell qui assurera l’intérim (vous avez déjà vu Craig Blundell aux côtés de John Mitchell au sein de son groupe Frost, mais aussi avec Lonely Robot. Vous avez accessoirement déjà vu Craig Blundell avec Steven Wilson aussi). Les parties claviers ne sont plus non plus assurées par John Beck qui apparaît dans les crédits comme un « invité ». Tout pourrait laisser croire à un album solo dissimulé … Les chansons s’enchaînent non sans plaisir mais ternies d’une absence concrète d’inspiration. Le nouvel album d’Arena (encore un groupe de John Mitchell) achèvera ce sentiment d’essoufflement créatif. Il me fait mal d’écrire ceci compte-tenu du respect et de l’admiration que j’ai pour John Mitchell, mais je pense qu’il devrait se ressourcer et se recentrer sur l’essentiel afin de nous faire profiter du génie qui l’habite sans céder à une surproductivité usante. On ne parlera pas du nouvel album de Muse. Sans façon. Par contre nous aborderons le cas de Eat the Elephant de A Perfect Circle. Cas complexe que représente ce nouvel album. Mon ressenti est qu’en ne gardant que les 4 meilleures chansons on obtient un EP fantastique. En l’état, on obtient un album plaisant. Comprenez que je déplore le fait qu’une excellente idée qui nous surprenne dans une chanson soit réutilisée dans celle d’après comme ressort. Au final, plusieurs petits détails sont venus titiller ma fibre revendicatrice mais l’un d’eux m’a particulièrement fait bondir …

Déception de l’année

Between the Buried and Me : Automata.

Mais pourquoi ? Pourquoi avoir scindé cette œuvre en deux disques ? Les membres du groupe assurent que de nos jours le public n’a pas le temps ni l’envie de se passionner pour un bloc d’1h de musique et qu’il vaut mieux le distribuer en 2 parties de 30 mn. Ils ont peut être raison mais ce n’est pas le cas du public de Between the Buried and Me ! Nous sommes avides de concepts qui font mal à la tête, nous avons adoré Colors et ses 1h05, nous nous sommes passionnés pour l’épopée Parralax, une aventure comprenant un EP prémonitoire de 30mn et un album dantesque d’1h12 pour une durée totale de 1h42. Alors n’allez pas nous faire croire que votre dernier album d’une durée totale cumulée de 1h10 (35mn + 33mn) nous fait peur! Surtout que le premier album du diptyque ne propose pas vraiment de conclusion ; on est face à un ensemble coupé artificiellement en sa moitié sans motivation artistique. Oui je sais, vous allez me dire que de nos jours on écoute de la musique dématérialisée et que le concept d’album physique comme support est dépassé et qu’on peut facilement dresser une playlist virtuelle. Mais moi ça me gonfle de devoir me lever de mon fauteuil pour passer au second CD après 30mn de musique passionnante pour pouvoir écouter la suite ! Rendez vous compte, BTBAM a divisé en deux un album dont la durée totale est moindre que certains autres de leurs albums distribués sur une seule galette. Une honte vous dis-je, du sabotage ! Surtout qu’à la vente ils étaient vendus à 10€ l’unité ; soit, la compilation des deux, le prix d’un seul album, ce qui est d’autant plus incompréhensible d’un point de vue mercantile. Carton rouge. Pour autant, cet album (enfin, ces albums du coup) sont des tueries intersidérales qui méritent votre attention !

Concerts de l’année

Sons of Apollo – Radiant Bellevue

Prenez des tauliers du rock qui se connaissent et aiment jouer ensemble. Donnez leur un chanteur charismatique qui sait haranguer la foule avec aisance et assurance. Vous n’obtiendrez pas le show le plus inattendu au monde, mais vous passerez un excellent moment. Sons of Apollo c’est du solide, du brut, de la bonne humeur, et le présage d’un avenir des plus radieux pour un groupe de luxe.

Orelsan – Arena Genève

Pour le coup, là ce fut différent. Orelsan m’a surpris de part la maîtrise totale du show qu’il nous a proposé. Scénographie innovante et intelligente, travail titanesque sur les effets de lumières, Orelsan habille habilement son concert pour nous en mettre plein la vue tout en restant simple. Une baffe.

Marcus Miller – Jazz à Vienne

Sacré Marcus ; en plus d’être probablement l’être humain le plus adorable que la planète Terre puisse porter, il reste aujourd’hui une référence dans le monde de la musique. Et il nous l’a montré au cours de cette soirée de folie malgré l’humilité naturelle derrière laquelle il aime se cacher. Mention à la version samba de “ Tutu ” (qu’il a originellement composé pour Miles Davis) !

Pleymo – Transbordeur

Ah, nous y voilà ! Pleymo est revenu pour terminer ce qu’ils ont commencé il y a une dizaine d’années. Ils ont, avec humour, joué des titres de leur dernier album … sorti en 2006 tout de même. Ils ont changé, ils ont évolué, mais ils sont toujours là reprenant avec maturité les hymnes que le public a scandé durant toute la soirée. Et ils ont bien progressé, proposant un concert hyper solide. Pleymo pourrait et devrait figurer sur la liste des groupes de rock de référence en France aux côtés de Shaka Ponk ou Skip The Use par exemple. Aucune idée de leurs intentions futures mais cette tournée nostalgique aura su avec brio nous faire humer le temps d’une soirée ce fameux parfum nommé 16 ans.

Espoir de l’année

L’espoir de l’année tient en 3 mots ; Pure Reason Revolution. Pure Reason Revolution était un groupe de rock progressif anglais ayant rapidement opté pour la voie electro pop pour terminer son chemin sur un chemin indus en 2011. Séparé, le groupe a vu ses deux leaders Chloë Alper et Jon Courtney exporter leurs talents au sein de leurs propres projets respectifs. Pourtant, une info n’a pas manquer d’agiter mon petit cœur sensible ; Pure Reason Revolution sera à l’affiche du Midsummer Prog Festival aux côtés de Jolly. Nous sommes début 2019 et je croise les doigts pour que cet événement ne soit pas une reformation éclaire et éphémère. J’ai envie de croire qu’elle puisse déboucher sur une tournée voir, soyons fou, sur de nouveaux chapitres discographiques du groupe. Affaire à suivre.

Initiative de l’année

Parmi les initiatives prises durant l’année 2018, j’aimerais mettre en lumière le projet de l’entreprise Vic Firth (fabriquant de baguettes et accessoires liés à la Batterie). En 2018, Vic Firth a inauguré un format Vic Firth Jams sur Youtube mettant en lumière ses artistes jouant aux côtés d’un groupe mené par Roger « Sput » Searight (batteur de Snarky Puppy). Le format est clairement inspiré du concert en studio We Like it Here des dits Snarky Puppy. Vic Firth avait déjà pour habitude de diffuser des vidéos pour promouvoir ses produits et ses artistes ; ce pas en avant leur assure une certaine exclusivité de contenu. En parallèle, Vic Firth propose d’autres versions de ces dites vidéos avec un focus sur le batteur, des transcriptions en partitions, ainsi que des pistes permettant de rejouer le titre sans batterie. Vic Firth a toujours su se positionner sur le plan de la pédagogie pour toutes et tous, tout comme la société canadienne Drumeo ( https://www.drumeo.com/ ) qui proposera dès 2019 une grande série de leçons étalées sur 26 semaines au sujet de la batterie dans le style rock menée par le batteur exceptionnel Todd Suchermann (batteur du groupe Styx et auteur d’excellents DVD). Je trouve ces élans de pédagogie d’une bienveillance grisante et rassurante à la fois. Il n’a jamais été si simple de se procurer des conseils auprès des plus grands ; Internet est un outil formidable. Dans cette catégorie, j’aimerais attirer votre attention sur la récente série de vidéos « Breakdown » proposée par le groupe Avenged Sevenfold dans lesquels ils nous montrent les entrailles de certaines chansons en nous faisant écouter des parties isolées pour mieux nous faire comprendre leurs intentions. Ils ne sont certainement pas les seuls à produire ce type de contenu mais j’aime cette démarche visant à en apprendre plus aux personnes curieuses. D’ailleurs, en parlant de personnes curieuses, j’aimerais aussi saluer l’initiative du vidéaste Axolot (Patrick Baud de son véritable patronyme) et de sa série « Étranges Escales » financée par les internautes. Si vous ne connaissez pas, Axolot reflète la passion de Patrick Baud pour les curiosité. Via « Étranges Escales », il voyage dans le monde à la recherche de curiosités cachées dans des lieux desquels on a l’impression de tout connaître ou presque. C’est passionnant et admirablement bien réalisé : Patrick Baud est un as de l’écriture sublimée par sa voix de radio apaisante. Pour rester dans le domaine culturel virtuel, j’aimerais également applaudir Netflix pour son épisode interactif de sa série Black Mirror qui saura vous retourner le cerveau en vous donnant un vertige philosophique finalement habituel pour les aficionados de la série.

Voilà tout pour moi. J’espère que cette année 2018 fut aussi passionnante pour vous qu’elle l’a été pour moi, et j’espère que 2019 confirmera sur cette lignée.

Jean-Philippe Haas

Les albums de l’année


1 : Théo Ceccaldi Freaks Amanda Dakota
2 : Vak – Budo
3 : Phideaux – Infernal
4 : Yom & The Wonder Rabbis – You Will Never Die

5 : Initiative H Broken Land

Si incontestablement l’année 2018 a été moins riche que 2017, elle a donné naissance à quelques perles dans des niches aussi variées que la zeuhl, la fusion klezmer-rock, le classic prog’ ou le punk-jazz, pour n’en citer que quelques-uns. Le nouveau groupe de Théo Ceccaldi avait déjà frappé très fort en début d’année avec un Amanda Dakota défiant toutes les Conventions de Genève de la musique. Pendant que Vak réveillait un genre qu’on croyait replié sur lui-même et que Phideaux opérait un retour gagnant en des terres connues, Initiative H confirmait qu’il était en voie de devenir l’un des grands ensembles français de jazz alors que Yom et ses Wonder Rabbis refermaient le livre de l’année en beauté, décrochant in extremis une place méritée dans le classement.
Mais on aurait tout aussi bien pu y faire figurer les très bons albums studio de PinioL, Ange, Lady With, Vola, Stéphane Galland, Camembert, Vincent Peirani ou encore les live d’Emile Parisien et du Esbjörn Svensson Trio.

Les concerts de l’année

1 : Emile Parisien Quintet – La Petite Pierre, 5 août 2018
2 : Festival Crescendo 2018 – Saint-Palais-sur-mer, du 18 au 21 août 2018
3 : King Crimson – Olympia, 8 novembre 2018

S’il y a beaucoup de jeunes prêts à prendre la relève dans les musiques progressives, les ancêtres en ont encore sous le capot ! En témoignent les Pères du genre, King Crimson, toujours au sommet de leur art et le vétéran des festivals, Crescendo, avec ses vingt années au compteur.

L’espoir de l’année : Midnight Oil !

Parler d’espoir s’agissant des vétérans australiens est quelque peu osé, nous en sommes bien conscients. Mais l’improbable retour des Oils, leur tournée explosive 2017 quinze ans après la précédente, la parution deux DVD/Blu Ray Armistice Day: Live At The Domain, Sydney et Midnight Oil : 1984 (un documentaire) en 2018, ainsi que la poursuite de la tournée en 2019 (dont deux dates françaises) laissent augurer de bien bonnes choses pour l’un des rares groupes vraiment engagés de la planète. Et pourquoi pas un nouvel album ? On l’appelle de tous nos vœux !

L’initiative de l’année : la renaissance du Rio Festival

En novembre, on apprenait avec tristesse la cessation d’activité de l’association Rocktime, maîtresse d’œuvre notamment d’un Rio Festival fort de onze éditions. La dernière, en septembre, ouvrait ses portes à de jeunes formations comme Chromb, Piniol ou encore Camembert, dont un grand nombre a été chroniqué dans nos pages. Puis, pour notre grand bonheur, le festival renaissait quelques semaines plus tard sous une autre forme et en d’autres lieux : le festival Rock In Opposition aura donc bien lieu, qu’on se le dise, à Lyon et Bourgoin-Jallieu, les 9, 10 et 11 mai 2019 !

Ancestor

Les albums de l’année


1 : The Pineapple Thief – Dissolution
2 : Tesseract – Sonder
3 : Alkaloid – Liquid Anatomy
4 : Riverside – Wasteland Waste7nad
5 : All Trap On Earth – A Drop Of Light
Très belle année en ce qui me concerne ! The Pineapple Thief s’octroie sans sourciller la place de leader en Crossover Prog avec un disque d’une finesse irrésistible. Tesseract plane sur le Djent avec un Sonder qui associe divinement lourdeurs éléphantesques et atmosphères astrales à un groove phénoménal. Un second album d’Alkaloid qui confirme que le Metal Extreme peut être furieusement musical s’il est le fruit d’une inspiration sans limite. Un excellent Riverside, qui depuis toujours affine sa personnalité au gré de ses sorties, à la fois fidèle à ses racines et se réinventant sans cesse. Et enfin, All Trap On Earth, une sorte de rejeton d’Änglagård, qui propose une musique où chaque seconde compte double, qu’elle soit silence ou note, un Prog Rock suédois d’une diversité telle qu’elle doit autant au Canterbury le plus échevelé qu’à l’avant-gardisme de King Crimson.

L’espoir de l’année : Beak>

Beak>, avec leur album nommé >>>…, érige une musique vintage et psychédélique, qui reste néanmoins mélodique et facilement accessible. Il faut dire qu’ils sont sous de très belles influences : Pink Floyd, Radiohead, Gong…