Dark Suns - Half Light Souvenirs

Sorti le: 30/04/2019

Par CHFAB

Label: Prophecy

Site: https://www.facebook.com/darksuns/

Trois ans que le groupe allemand de Leipzig n’avait pas refait surface, depuis le superbe et particulièrement apaisé Everchild. Rappelons en quelques mots le parcours de ce désormais sextuor, aux débuts death metal penchant fortement vers Opeth, tout en sachant épicer sa rage de saveurs psyché fort capiteuses, puis se défaisant plus tard de ses atours morbides, pour privilégier une mélancolie céleste d’une confondante beauté, les guitares acérées n’ayant pourtant pas quitté le navire. Comme dit précédemment le dernier album nous avait laissé dans les nuées, bercé langoureusement par les vocaux caressants de Niko Knappe (son frère tenant l’un des deux postes à la six cordes)… Pour finir, si vous n’en avez pas entendu parler, précipitez-vous sur cette formation, en commençant par Orange, sommet mélangeant rock progressif 70s et métal (alors que c’est majoritairement l’inverse qui domine partout ailleurs)…

On va faire court cette fois: Halflight Souvenirs est excellent de bout en bout. C’est bien simple, il n’a qu’un seul défaut, celui d’être trop court. Trente petites minutes, mais qui ont le mérite de vouloir se relancer illico, et franchement, on aurait tort de s’en priver. Ce disque est contagieux, retrouvant l’énergie passée, convoquant à la fois des accents presque pop rock (la rythmique notamment), du jazz rock (piano, orgue Hammond, saxophone, digressions et cassures, groove), du math rock (harmoniques et rythmiques un brin complexes) et cette façon si voluptueuse de vous perdre dans les méandres mélodiques du chant, cet art de retomber sur ses pieds, avec la douceur d’un Robert Wyatt, même si la comparaison s’arrête là. Le disque choisit l’équilibre, alternant morceaux puissants (ces guitares tranchantes et syncopées!) et pièces plus aériennes.

Avec Dark Suns, pas de démonstration stérile de rapidité, pas de soli interminables (même si on aime ça aussi, quand il y a du feeling), ni clavier ni guitare ne tirent la couverture, juste un très bel équilibre, donnant l’impression que tous construisent la même musique, seule la voix au final conduit l’équipage. Ce qui bien souvent est un piège, car ça donne souvent cette scie dont l’omniprésence peut pousser à changer direct de disque (et de groupe!), le type qui chante tout le temps… Certains passeront peut être leur chemin, question de goût pour les voix… Il n’en est rien ici, tant les vocalises textuelles du sieur Knappe (se défaisant de tout artifice de suavité, ce que n’a pas encore compris Mickael Akerfeldt, par exemple, avec son tremolo auto complaisant, mais c’est une autre histoire) épousent les circonvolutions harmoniques des autres instruments, chacun allant dans la même direction donc. Il y a une simplicité qui confine à l’évidence. Admirable. Les passes d’armes ne sont pas absentes, loin s’en faut, mais suffisamment rares pour prendre toute leur mesure.

N’en jetez plus, voici un album d’exception qui saura séduire tout amateur de musique, puissante, rythmée, chantée, bourrée d’émotion, atmosphérique, funky, metal, envoûtante, fusion, rayez la mention inutile. L’album est publié en deux temps. Gageons qu’en juin il sera plus étoffé et le bonheur sera à son comble. Dans le top de l’année, direct!