Nemo - SI partie II : l’Homme Idéal

Sorti le: 03/02/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: Quadrifonic

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Si le groupe Nemo se trouve là où il est aujourd’hui – leader du classic prog français –, c’est parce qu’il pond des disques comme Si. Comme ça. Avec une facilité déconcertante. Un par an, sans fléchir. Sans réfléchir à la pertinence ou non de pratiquer du rock progressif en 2007, au nez et à la barbe de l’intelligentsia de la musique, détentrice du bon goût… et si dépendante du vent.

Si partie II poursuit sa réflexion là où son prédécesseur l’avait laissée. C’est d’ailleurs sur les dernières notes des « Apprentis Sorciers » qui achevaient la première partie que débute ce second volet. Du point de vue de la forme, cependant, le contraste saute aux yeux, aux oreilles surtout. Bien sûr, Nemo balaie avec toujours autant de bonheur une grande partie du spectre prog dit « classique » – entre rock théâtral, art et hard rock façon 70s, fusion jazz – et l’Homme Idéal a sans doute été conçu comme une seule et unique pièce. Mais les différentes parties sont plutôt courtes, plus directes aussi. Ainsi, l’Arena-like « Les enfants rois » est à la limite du tube FM, alors que l’instrumental « Une question de temps » délivre une mélodie entêtante dont on a du mal à se débarrasser. Les deux parties de « L’homme idéal », rythmées, funky, sont quant à elles presque dansantes ! Nemo ne délaisse pas pour autant les titres de gros gabarit : « Reflets », par exemple, prend son temps, en l’agréable compagnie vocale de Sylvie Krauss, pour développer le thème de la dictature du miroir.

Et tandis que l’Homme Idéal a glissé vers une plus immédiate accessibilité que son alter ego, la production a elle aussi imperceptiblement évolué, plus puissante que jamais. Des groupes bien plus soutenus pourraient prendre des leçons de la bande à Jean-Pierre Louveton pour obtenir ce son équilibré, clair, flirtant de temps à autres avec la lourdeur du metal… mais sans jamais toutefois y prendre pied. L’arrivée de Guillaume Ninon aux manettes y est sans doute pour quelque chose.

C’est sur un bien peu joyeux « Les visages du monde » que s’achève cette réflexion sur les terrifiantes perspectives de la génétique. On ne saurait affirmer avec certitude que la vision de Nemo ne laisse aucune chance à l’humanité, mais les textes sous-tendent un évident pessimisme induit par l’irresponsabilité manifeste de l’Homme. Et Si Nemo avait raison ? Raison sûrement de poursuivre leur stakhanoviste travail musical, qui gagne en qualité au fil du temps, contre vents, marées et modes musicales éphémères. Avec des Si, on mettrait Nemo dans les charts.