Nemo - Si Partie 1

Sorti le: 01/04/2006

Par Jean-Daniel Kleisl

Label: Quadrifonic

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Entre les derniers albums de The Tangent, Zaar et maintenant celui de Nemo, on peut remarquer une certaine constance : écrire de longs morceaux captivants de bout en bout. Certes, chacun a son propre style mais ce fait se devait d’être signalé. Curieuse que cette mode nouvelle pour les pièces épiques alors que l’année 2005 avait été marquée par les morceaux d’une minute d’un Fantômas. Un autre point commun entre ces trois albums : ils sont excellents !

En effet, Si Partie 1 est le meilleur album de Nemo. Chronique close ? Que nenni ! On va vous donner envie de l’écouter ce quatrième album des natifs du Puy-en-Velay ! Le groupe de Jean-Pierre Louveton a frappé fort avec cette première partie d’un concept sur la mort et les errements de l’humanité (la manipulation génétique). La section rythmique est toujours aussi précise et puissante. Sur ce soubassement en béton se posent les interventions inventives de JPL à la guitare et Guillaume Fontaine aux claviers. Si la guitare reste l’instrument dominant dans le jeu du groupe, on ne peut pas passer sous silence l’excellent travail de Guillaume aux claviers, à la fois plein de finesse mais aussi d’une technique irréprochable ! Tout en restant dans le style unique que Nemo a su développer depuis ses débuts, Si Partie 1 aborde une foule de genres différents sans pour autant se perdre en chemin, passant de parties très Pink Floyd à du metal prog très enlevé (« Miroirs »). Signalons aussi les indéniables progrès de JP à la voix. En effet, celui-ci n’essaie pas de la forcer dans les aigus comme par le passé.

Comme dit plus haut, cet album doit sa valeur à ses deux pièces épiques. « Douce mort », avec son entrée sombre et mélancolique accompagnée de mellotron, débute l’album avec un classicisme de très haute volée. « Apprentis sorciers », violente diatribe contre les OGM, est-il une sorte d’hommage Ange ? Toujours est-il que Nemo développe des ambiances que n’aurait pas reniées la bande de Christian Décamps tout au long des vingt minutes de ce mastodonte progressif. Les trois autres morceaux de l’album sont eux-aussi de bonne qualité avec une mention particulière pour « Ici, maintenant », sorte de best of à lui seul de tout ce que peut faire Nemo. Les textes, tout comme la musique d’ailleurs, sont dans une connotation sombre. Naviguant entre un Ange des meilleures années pour la qualité des textes et le chant en français et un Dream Theater qui se serait concentré sur l’écriture et sans les boursouflures guitaristiques, Nemo propose en définitive un album de grande envergure dans lequel tous les aspects – écriture, instrumentation, production – ont été soignés dans les plus petits détails.

Nemo, avec Si Partie 1, a définitivement pris la tête du rock progressif francophone classique – sous-entendu dans la lignée d’Ange –, et c’est amplement mérité. Ceci est d’autant plus consternant que des albums de cette qualité, autoproduits qui plus est, sont rares et ne bénéficient malheureusement pas d’une reconnaissance qui va au-delà des cercles habituels d’initiés.