Anathema - A Moment in Time - DVD

Sorti le: 22/09/2006

Par Djul

Label: Metal Mind Productions

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Le titre retenu pour ce DVD d’Anathema pouvait difficilement être plus symbolique. Car depuis deux ans, le groupe de Liverpool vit ce qui constitue sans doute le passage le plus délicat de sa longue carrière (plus de 15 ans, déjà !). Orphelins de label depuis leur départ de Music for Nations, organisant de courtes tournées en fonction des opportunités qui se présentent (comme la première partie européenne de Porcupine Tree l’an dernier), et proposant des titres en téléchargement pour distribuer leur musique, les camarades de Vinnie Cavanagh ne sont pas à la fête. Pourtant, lorsqu’ils se confièrent dans nos pages en 2005, Anathema ne semblait pas baisser le pavillon, même si l’époque où les publicités en pleine page pour Eternity semble bien loin : un « simple » moment de leur carrière, c’est tout le mal qu’on leur souhaite.

Car on oublie parfois que ce groupe a composé quelques-uns des grands albums de metal de la décennie passée, et a contribué à l’avènement d’un genre, le metal atmosphérique, avec l’aide de Paradise Lost ou The Gathering. En incluant toujours plus d’éléments planants et/ou modernes et de claviers, on peut même dire que le groupe s’est mué au fil des années en une formation dont l’appartenance au genre « progressif » est presque incontestable. C’est donc cette dernière période que ce DVD, édité par le label polonais Metal Mind Productions, se propose de documenter. Comme tous les DVD sortis par ce dernier, le concert a été filmé en Pologne, ici au Festival Metalmania de Spodek, le 4 mars 2006, devant une assistance enthousiaste de plusieurs milliers de spectateurs.

Pour ce qui est de la prestation « principale », on retrouve, en plus dense, la liste des morceaux composant le dernier concert du groupe à Paris en ouverture du groupe de Steven Wilson, à savoir un savant mélange des meilleurs moments d’Anathema, entre Eternity et le dernier album studio du groupe, A Natural Disaster, soit une dizaine d’années dédiées à l’esthétique de la déprime. Le charisme des frères Cavanagh, déjà évident sur scène, est encore plus palpable ici, Vincent, au chant et à la guitare, vivant littéralement ses textes. Son interprétation de certains titres transcende les versions originales, comme ce « Closer » hypnotique au vocoder ou un « Inner Silence » majestueux (et rare sur scène !), vestige de l’ère Duncan Patterson. A ce titre, le monumental Alternative 4 est particulièrement bien représenté, soit la moitié d’un disque pourtant sorti il y a 8 ans ! Il faut dire que le rageur « Empty » ou le « tube » « Fragile Dreams » et son riff entêtant sont autant de classiques de la formation. Notons par ailleurs que le groupe est secondé par le Bacchus String Quartet, quatuor à cordes qui enlumine particulièrement bien les titres les plus calmes du répertoire du groupe (« Flying » ou encore « One Last Goodbye »). En revanche, dès que la saturation pointe le bon de son nez, les quatre musiciens agitent leurs archets dans le vide, noyés qu’ils sont dans le mixage. Le concert se clôture par une reprise pour le moins orthodoxe de « Confortably Numb » du Floyd, où le chant et le solo de guitare culte sont reproduits avec un peu trop d’application, malgré un final cataclysmique avec destruction d’amplis !

Les bonus sont de facture classique mais font toujours plaisir à visionner. Au programme, une interview de plus d’un quart d’heure de Danny Cavanagh et de Les Smith (dans une taverne, les deux intervenants n’étant pas spécialement réveillés…), une galerie photos, des liens et des fonds d’écran. Plus consistant encore, Metal Mind propose quatre titres tirés d’un autre concert polonais du groupe en 2004 : une reprise de Fleetwood Mac (le planant « Albatross »), les deux morceaux pré-Eternity les plus célèbres d’Anathema (le magnifique « A Dying Wish » , annonciateur de l’album précité et le premier pas mélodique du groupe, « Sleepless » ) et l’incontournable « Fragile Dreams ».

Quant aux caractéristiques techniques, on est dans la bonne moyenne des DVD musicaux : présentation widescreen, options 5.1 ou stéréo, image de bonne qualité (avec des éclairages bleus et rouges et quelques effets stroboscopiques réussis et appropriés) tout au long de ces deux heures de prestation. La camera propose de beaux angles de vues, et quelques travellings avant-arrière ou latéraux de bonne qualité. Un petit reproche peut être : le réalisateur semble oublier la présence de Danny Cavanagh, à tel point que certains solos de guitares sont littéralement passés à la trappe !

Que demande le peuple ? Que justice soit enfin faite et qu’Anathema puisse reprendre son travail de manière plus sereine et moins artisanale, épaulé par un label qui saura médiatiser le talent de ce groupe.