Anathema - Falling Deeper

Sorti le: 11/09/2011

Par Fanny Layani

Label: KScope

Site: www.anathema.ws

Avec Falling Deeper, Anathema retrouve le sillon entamé par Hindsight en 2008, celui d’une relecture de morceaux anciens à la lumière de ce que le groupe est devenu, un incontournable du rock atmosphérique européen. Mais là où Hindsight s’attaquait à des titres alors relativement récents (extraits de la période 1998-2003), avec une remarquable économie de moyens, le propos de ce nouvel essai est plus ambitieux : revenir sur la période doom du groupe, chœurs et orchestrations à la clé. Voilà qui pourrait suffire à rendre méfiant, tant les versions orchestrales de titres rock, a fortiori interprétées par leurs propres auteurs, sont souvent décevantes (Peter Gabriel a récemment fait les frais d’un trop-plein d’ambition en la matière).

Les titres sélectionnés, extraits de Crestfallen, première trace discographique du groupe en 1992, Serenades (1993), The Silent Enigma et Pentecost III (1995), sont soumis au traitement parfois radical des arrangements de Dave Stewart, qui avait déjà officié aux côtés du groupe sur We’re Here Because We’re Here. « We, the Gods » passe ainsi d’une pièce chantée de plus de dix minutes à un instrumental d’à peine le tiers, au point d’en être quasiment méconnaissable. Piano, claviers et quelques orchestrations de cordes constituent l’ossature de ce Falling Deeper, tandis que les voix sont parfois reléguées à l’arrière-plan, transformant paradoxalement Anneke van Giersbergen en choriste de luxe, ce qui est, on en conviendra, bien dommage.

Alors que la musique d’Anathema était à l’époque synonyme d’une noirceur désespérante, elle trouve ici une lumière surprenante, et procure un réel sentiment d’apaisement. Disparus, les vocaux rauques et râpeux de Darren White, fini, le chant clair fragile et mal assuré, Anathema prouve une nouvelle fois que maturité rime avec apaisement. Au point que certains passages sont d’une grande beauté (« Alone », notamment). Mais on regrette certains partis pris esthétiques, notamment le choix d’une réverbération bien trop importante sur les cordes, au point qu’elles sonnent parfois comme des séquences (« Sleep in Sanity »). Certes, cela permet de retrouver en partie l’atmosphère des disques d’origine, mais on y perd tout de même de l’intérêt d’avoir enregistré avec de réels instrumentistes (d’autant que le communiqué de presse ferait presque de Falling Deeper un disque orchestral). On peut également déplorer la simplicité des arrangements, consistant le plus souvent en de simples nappes harmoniques, sauf sur le bienvenu « J’ai fait une promesse », laissant la part belle au violon.

Falling Deeper est donc un joli disque, bien réussi et travaillé, qui fait mouche par un certain aspect envoûtant, une douce mélancolie qui fait du bien à l’âme, mais le propos musical est, à l’usage, un peu léger. Il aura néanmoins le grand avantage d’aider à patienter avant un véritable album : très attendu au coin du bois après le pas franchi par We’re Here Because We’re Here, Anathema gagne ainsi du temps de la meilleure des manières.