Anathema - Weather Systems

Sorti le: 05/04/2012

Par Florent Canepa

Label: KScope

Site: www.anathema.ws

En proie à des difficultés de label, Anathema nous avait presque habitué à des sorties éparses, mais il semble que la route soit désormais droite avec le soutien de leur nouveau foyer, KScope. A peine deux ans séparent Weather Systems de son illustre prédécesseur We’re Here Because We’re Here, le sympathique et acoustique Falling Deeper ayant même permis de patienter plus sereinement. Au point que l’on se demande si, à si peu de temps d’écart, proposer deux pièces maîtresses de rock atmosphérique ne relève pas de la gageure.

La nouvelle livraison des Anglais apporte son lot de différences : comme annoncé, la chanteuse Lee Douglas, qui apportait jusqu’ici un soutien onirique réussi, prend une place plus significative dans le terrain de jeu, assumant quasiment seule certains morceaux. On remarque également, ça et là, la volonté d’offrir une nouvelle identité musicale, que cela passe par un recours à des moments électroniques judicieux (« The Storm Before The Calm », globalement très réussi) ou l’amplification de la dimension symphonique (la fin grandiose de « The Gathering Of Clouds »).

Cependant, la redite n’est pas totalement évitée. « Lightning Song » est en quelque sorte un miroir de « Dreaming Light », la guitare ayant pris la place du piano, tandis que « The Lost Child » peine à s’installer comme une progression euphorique, là où la magie opérait à plein sur « A Simple Mistake ». Les sirènes de l’accessibilité seraient-elles en train d’avoir raison d’un groupe qui avait débuté dans un genre très confidentiel et veut désormais, légitimement, s’épanouir aux yeux de tous. Si l’on voyait parfois Anathema se rapprocher de Radiohead, la formation sait aussi désormais évoquer U2 (« Untouchable Part 2 », très mielleux) ou Coldplay (« Sunlight », post-rock étonnamment racolleur). La patte de Steven Wilson sur le mixage – moins lisse – du précédent album n’était peut-être pas innocente ?

L’auditeur devient alors un peu schizophrène : pourquoi refuser de goûter ce qu’on a tant aimé ? On ne peut s’empêcher de prendre du plaisir à l’écoute d’une musique si digne et élégante, tout en riant de la naïveté de penser que tout serait aussi beau qu’au premier jour (ou l’avant dernier, en l’occurence). De l’acceptation du changement climatique musical…