Yom - Songs for the old man

Sorti le: 23/05/2016

Par Florent Canepa

Label: Buda Musique

Site: http://www.yom.fr/

Dès les premières notes enveloppantes à la Buckley de « Journey of life », un périple savoureux débute, comme l’amorce d’une marche où intimité et confidences seront des compagnons route. Yom, c’est Guillaume Humery, clarinettiste de formation, klezmer d’expression, mais déplaçant aujourd’hui le cadre de son œuvre, comme en écho à la mentalité de frontière de la civilisation américaine. Aller plus loin pour conquérir les grands espaces… Songs for the old man fait penser au livre musical d’un voyage, celui des pionniers d’Amérique. Des saisons et des miles parcourus au gré de paysages dans lesquels se croisent Ry Cooder, Leonard Cohen et Ennio Morricone.

Inspiré par la folk et la country, le Français remplit donc ses morceaux de steel guitar (« Dark prayer », comme le jeune Ben Harper), banjo et Telecaster, qui nous invitent plus dans un western qu’en terres ashkénazes (« Wayfaring kid », que John Ford aurait pu réaliser). Son accompagnateur guitariste et directeur artistique Aurélien Naffrichoux y est sans doute pour quelque chose. L’allegorie est aussi mue par une histoire personnelle, cet old man n’étant autre que le père de l’instrumentiste, en exil aux États-Unis dans les années cinquante. L’americana est omniprésente, celle (dans l’esprit) chère à Sufjan Stevens ou Bon Iver, grands amoureux des terres du milieu. Beaucoup de tonalités électriques donnent à l’album sa patte si inhabituelle dans la discographie et créent une merveilleuse fusion des ambiances, à l’image du Timbuktu d’Amine Bouhafa.

La parenthèse américaine est donc une parenthèse enchantée. Même si l’album a été en majeure partie réalisé dans le studio de l’ex-Noir Desir Denis Barthe et non aux U.S., on imagine que l’écrin landais, sorte de ranch perdu, a aussi été propice à la création de ces images sonores. Ce n’est pas l’Amérique crade des motels et de la perdition que Yom raconte ici mais celle rêveuse de paysages en forme de nuages, celle de la rédemption. Le décor de l’Amérique-sanctuaire faite de silences et de partages. Un Bagdad Café sobre, tissé d’émotions simples, un road movie qui mène quelque part.