Yom - The Empire of Love

Sorti le: 24/09/2013

Par Jean-Philippe Haas

Label: Jazz Village Music

Site: www.yom.fr

Yom explore, Yom provoque, Yom ne tient pas en place. Incapable de se contenter d’être un virtuose, ou de revisiter les traditions musicales ashkénazes, il ne cesse de rechercher de nouvelles formes d’expression pour son instrument, depuis son premier disque en solo où, vêtu en roi de pacotille, il se pavanait facétieusement en déclarant à qui voulait bien l’entendre qu’il était le roi de la clarinette klezmer. Avec ses Wonder Rabbis il se lançait, sur fond d’iconographie super-héroïque, dans une ambitieuse fusion entre son héritage musical, le rock et les sonorités synthétiques. Plus récemment, sa collaboration avec Wang-Li sur Green Apocalypse et la création en 2012 de Le silence de l’exode pour le festival d’Ile-de-France illustraient encore ce besoin de transmettre tout en s’affranchissant de la contrainte.

The Empire of Love dépouille le propos de With Love de ses accessoires psychédéliques et aventuriers, en extrait les éléments les plus immédiats, les plus percutants, pour un résultat qu’on pourrait sans honte nommer electro-klezmer. Le disque fait la part belle à des sons tout droit sortis des années quatre-vingt, de la grande époque des synthétiseurs (que celui qui n’a pas encore une compile du même nom quelque part dans un tiroir ou un carton se désigne !). Quelques cordes se faufilent ça et là, à l’instar des vocalises de Julie Mathevet, mais l’électronique est reine de la fête, aux côtés d’une clarinette virevoltante et lyrique à la fois. Court, addictif, rythmé au point d’en être souvent dansant (« Rebirth & Party », « Burning », « The Crossing », « The Empire »), The Empire of Love ne délaisse pas néanmoins les titres atmosphériques (« Angel », « Odyssey ») où mélancolie et contemplation nous arrachent un instant au dance floor.

Le visuel et le titre très glam ne doivent pas masquer la fraîcheur et l’inventivité de l’album. Malgré un mode d’expression un peu monolithique, il utilise et détourne adroitement les codes house/eurodance pour les injecter dans l’univers unique du plus fantasque des clarinettistes français.