Yes - Union Live

Sorti le: 14/02/2011

Par Christophe Gigon

Label: Gonzo

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Le Graal pour tout fan de Yes qui se respecte, avec le line-up le plus fou de la généalogie pourtant bien complexe de l’éternel phénix britannique, filmé en pleine possession de ses moyens durant les quatre mois de tournée aux allures de marathon de la première moitié de l’an 1991.

A la fin des années quatre-vingt, la situation semble bien préoccupante pour le mélomane anxieux, le Yes de 90125 (appelé malicieusement par les connaisseurs et contempteurs YesWest) apparait comme moribond suite à la défection du chanteur Jon Anderson qui s’est empressé de retrouver ses vieux amis de jeu, Steve Howe et Rick Wakeman.

Ils forment donc derechef Anderson Bruford Wakeman Howe (ABWH), YesEast en quelque sorte. Après un seul album sous la même appellation d’origine (qui n’avait pas le droit de s’appeler Yes), les deux formations séparées par l’Atlantique se voient réunies par l’audace (et la vénalité) du label Arista qui pense avoir ainsi créé le super-groupe ultime (deux guitaristes, deux batteurs, deux claviéristes, un bassiste et un chanteur). Pas le meilleur des deux mondes mais la totalité des deux mondes, rien que ça !

Nul besoin de revenir sur la qualité plus que discutable de l’album Union, au titre manifestement antiphrastique sonnant comme une victoire, publié par cette escouade de maestros qui ont dû bien se forcer pour collaborer. Rick Wakeman, très critique envers ce pur produit commercial, le rebaptise même, avec un certain à propos, Oignon.

Si le disque ne risque pas de figurer au palmarès du dinosaure progressif, la tournée de promotion qui s’ensuit rassemble, quant à elle, tous les suffrages. Le public jouit ainsi des deux faces d’une même pièce dorée : ainsi ce n’est plus fromage ou dessert, mais fromage et dessert. Ce n’est plus Steve Howe ou Trevor Rabin mais Steve Howe et Trevor Rabin, Rick Wakeman et Tony Kaye, Bill Bruford et Alan White. Rapport qualité / prix optimal en somme.

Même si ces musiciens d’exception ne sont pas vraiment devenus les meilleurs amis du monde par la suite (la configuration même de la scène ainsi que le partage des parties à jouer parlent d’elles-mêmes !), force est d’avouer que la qualité des prestations offertes reste probablement le point d’orgue (Hammond) de la légende des seventies. Une maîtrise instrumentale tout bonnement époustouflante mêlée à une production hollywoodienne forment un spectacle total qui ne pourra qu’esbaudir le novice et faire pleurer de regret l’amateur qui n’avait alors pas daigné se déplacer.

On regrettera toutefois les trop nombreuses démonstrations en solo qui, si elles restent ébouriffantes, « bouffent » pratiquement le tiers de la soirée. Cruelle querelle d’egos. D’ailleurs, Trevor Rabin a gagné car Steve Howe porte un bien laid catogan.

Le concert a été filmé en Californie le 8 août 1991 et n’avait alors été édité à l’époque qu’en cassette VHS et Laser Disc. Cette prestation se voit aujourd’hui rééditée dans un package de luxe comprenant l’intégralité du show auquel s’ajoutent deux autres concerts (Denver et Pensacola), œuvres de bootlegers d’alors qui permettent, malgré leur piètre qualité, d’offrir d’autres setlists aux complétistes.

L’ensemble se voit rehaussé du pendant audio en double CD, d’un fac-similé du tour program d’alors, d’un pass stage crew, et d’un pass staff, parfaitement inutile au demeurant, à moins qu’ils ne permettent d’entrer par effraction chez Steve Howe afin de lui dérober sa magnifique Gibson ES 175. Ce coffret ne représente rien moins que l’acmé de la carrière de la formation quadragénaire.