Marillion - Less Is More

Sorti le: 23/11/2009

Par Jérôme Walczak

Label: Racket Records

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Petite pause après le gracieux et aérien Happiness Is the Road dont le panégyrique livré dans ces colonnes n’avait pour une fois pas déclenché l’ire des afficionados les plus caractériels. Ces derniers trouveront éventuellement une satisfaction non feinte, tant ce travail minimaliste et épuré confine à la réussite, hormis quelques détails qu’il faut bien évoquer.

Comme Steve Hogarth l’explique lui-même, il est question de se reposer, de revenir sur le passé en reprenant quelques chansons dans une configuration acoustique : guitare, piano, batterie, xylophone, glockenspiels, entre autres instruments. A part le faux inédit, juste sublime, « It’s Not Your Fault », développé à partir de l’instrumental qu’on devinait naître sur le final deThis Strange Engine, tous les titres enregistrés pour l’occasion sont principalement empruntés à trois disques – dont les deux premiers de la liste sont souvent les plus décriés – : .com, Anoraknophobia et Afraid of Sunlight. Happiness Is the Road a pour sa part livré « Wrapped Up in Time » et Brave le titre «  Hard As Love » ainsi qu’un petit clin d’œil au lointain passé avec la ré-orchestration de « The Space » dans une version jazz bar-boîte enfumée on ne peut plus étonnante.

Quelques mots sur les réussites, et elles sont nombreuses. Avec des instruments simples et légèrement en retrait, la voix de Steve Hogarth n’en prend que plus d’éclat, notamment sur « Hard As Love » et sa longue complainte, «  It’s Not Your Fault », une chanson aux textes doux, amoureux et qu’on rêverait d’entendre pendant un slow langoureux avec la créature de sa vie, ou encore sur « This Is the 21st Century » avec ses développements à la guitare sèche qui redonnent un style et un panache à ce titre toujours un peu critiqué par l’intelligentsia officielle. Même une de leurs chansons les plus ennuyeuses qui soit, à propos de laquelle pourtant il ne faut dire aucun mal («  Out of this World »), trouve enfin ses couleurs, sa marques et son charme.

Le travail de ré-orchestration n’est toutefois pas une recréation, c’est un polissage, un affinement, une tentative d’extraire le potentiel de vieux titres. Sous les poussières abandonnées par les années se cachent encore de nombreuses pépites. Bien évidemment, quelques petites déceptions pointent aussi à l’horizon. Ainsi en est-il de la voix très mal assurée d’Hogarth sur « If My Heart Were a Ball » qui, même s’il est en général talentueux lorsqu’il est au seuil de la folie vocale, surprend par sa fadeur. Il est évident que les contempteurs de Marillion poursuivront leurs gausseries aussi stériles qu’inaudibles, lesquelles s’effaceront sans difficulté face au délice avoué de l’écoute de « Less Is More ».