King Crimson - Islands

Sorti le: 03/12/2007

Par Djul

Label: Discipline Global Mobile

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Voici le premier disque de King Crimson qui divisera les fans. Islands, et ses partis pris audacieux, ne s’inscrit plus dans le moule de In the court of the Crimson King et dans l’écriture typiquement progressive de Lizard.

Sur ce troisième album, sorti en 1971, à l’époque où beaucoup de formations progressives balbutiaient encore, King Crimson est plus un collectif d’artistes qu’un groupe au sens strict du terme : Peter Sinfield est toujours l’écrivain qui officie aux paroles, et Fripp et Collins et Wallace sont toujours au rendez vous, secondés par Boz Burell (futur Bad Company, remplaçant Greg Lake), mais des instrumentistes « classiques » (hautbois, violons…) les accompagnent et, en particulier, Keith Tippett qui, au piano, prend une part importante dans le développement du disque.

« Formentera Lady », en guise d’introduction, est particulièrement symptomatique de cette formation originale, puisque ce morceau débute alors que le groupe s’accorde, les instruments développant leurs parties les uns après les autres pour vraiment ne jouer de concert qu’après cinq minutes. Etonnant. « Sailor’s Tale » est en fait le prolongement du premier titre et permet de retrouver un peu le Crimson « d’avant », à savoir un rythme échevelé et une succession d’accords rapides et de saxophone. « The Letters » montre bien l’influence de Sinfield sur le groupe, tant la musique ne semble être qu’un accompagnement à ce superbe et triste texte. « Ladies of the Road » est un morceau complètement à part sur ce disque, pour ne pas dire complètement déplacé. Il s’agit d’un morceau assez basiquement rock, avec très peu de fioritures et un refrain des plus classiques, sorte d’ode aux groupies qui suivaient les groupes de rock dans les années 1970 (voir le très bon film Almost Famous).

Reste alors la pièce de bravoure du disque, « Islands », introduit par « Song of the Gulls », uniquement composé d’instruments à cordes. « Islands » reste l’un des morceaux les plus épiques du groupe, tout à fait dans la tradition progressive qui est en train de s’établir à l’époque. Paroles déclamées, romantisme patent, mélodies ciselées et Mellotron, tout y est. Mais ce serait oublier le superbe Keith Tippett qui, par de délicats accords, a fait de ce morceau ce qu’il est.

Bref, Islands est un disque assez bigarré, avec une instrumentation, voire une structuration tout à fait particulière, un album à part qui continue de diviser les fans du groupe.