JPL - Post Scriptum

Sorti le: 12/05/2025

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

Site: https://www.jplouveton.com/

Depuis l’impressionnante trilogie Sapiens (Exordium, Deus Ex Machina et Actum), dont le dernier volet est sorti en 2022, Jean-Pierre Louveton alias JPL a mis son temps à profit pour réenregistrer et remixer certaines de ses chansons. Ainsi, pour fêter les vingt ans de son troisième album solo, il ressort une version rafraîchie de Cannibales ainsi que Jean-Pierre Louveton – 1994 / 2024, compilation de morceaux de Nemo, Wolfspring et JPL, assortie de quelques inédits. Mais en trois ans, le Ponot a également composé de nouveaux titres, rassemblés aujourd’hui dans son déjà douzième album.

Si JPL se contente rarement d’appliquer une recette prudente à la lettre et n’hésite pas çà ou là à briser la routine – qui paradoxalement sévit aussi gravement dans le prog’ – la guitare reste en toute logique au centre des débats de Post Scriptum, déclinée sous de nombreuses formes, parmi lesquelles le riff puissant et le solo lyrique se taillent la part du lion. Les parties orchestrales un peu pompeuses apparues sur Sapiens sont ici délaissées bien que les claviers ne soient jamais très loin pour enrober le tout ou assurer quelques parties, tel le piano de Stéphanie Vouillot tout au long de « Jekyll » par exemple. Et comme en terres progressives, tout est (devrait, du moins) être possible, JPL ouvre le terrain réservé du chant à Élise Bourg, qui assure la voix d’arrière-plan sur la plupart des titres, et double occasionnellement celle du boss, apportant une fraîcheur féminine non négligeable. Instrumentalement parlant, le diagnostic sévère que pose le guitariste sur l’humanité se traduit parfois par des passages calmes et mélancoliques mais le plus souvent par un hard rock à la Deep Purple / Uriah Heep et ses riffs doublés à l’orgue (« L’homme est un animal sauvage »), voire un prog infusé au métal (le final grandiloquent de « Puzzle », « Les fantômes ») où la batterie, tenue par Jean-Baptiste Itier ou Florent Ville, ne chôme que rarement. On n’a donc guère le temps de s’ennuyer durant les trois quarts d’heure que remplissent sept titres efficaces et sans longueurs, y compris l’épique « Post Scriptum » (#cahierdeschargesduprog), qui conclut l’album non sans quelques digressions inhabituelles mais tellement bienvenues, comme ces passage funk et blues des plus réjouissants.


Malgré une évolution totalement défavorable au support physique, et malgré le casse-tête financier que représente le système de précommandes conditionnant la production d’albums de tant d’artistes de la sphère progressive aujourd’hui, on espère que ce Post Scriptum ne conclura pas la correspondance musicalement enrichissante que nous entretenons avec JPL depuis tant d’années déjà. Pour cela, il n’y a qu’un seul moyen : acheter son disque !