Archive - Controlling Crowds Parts 1 - 4

Sorti le: 08/03/2010

Par Christophe Gigon

Label: Warner Music France

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Quelle bonne idée d’éditer enfin les quatre parties du magistral huitième album du collectif Archive en un seul double disque ! La trame conceptuelle, plutôt dense, ne peut en sortir que grandie. En effet, pour de basses raisons mercantiles, Controlling Crowds n’avait été originellement mis à la vente que dans un format simple, contenant uniquement les parties I, II et III de l’œuvre, ainsi amputée de sa conclusion, afin de ne pas effrayer l’acheteur potentiel, même si le groupe en était fort contrit, lui qui savait qu’il avait sous le coude un final majestueux.

Si ce genre de narration complexe développée sur plusieurs plages musicales fera immanquablement penser à Pink Floyd ( Animals ou The Wall), précisons d’emblée que si filiation il y a, ce serait plutôt au niveau de l’intrigue proposée (un angoissant récit de manipulation et de contrôle total des masses grâce, entre autres, à la mainmise dangereuse de nos si confortables « progrès », tant technologiques que politiques) que du véhicule musical, finalement assez proche de ce que proposait la formation modulable sur leurs premiers albums, Londinium en tête.

Le style de l’équipe, à présent arrivé à totale maturité, apparaît comme toujours aussi saisissant et varié, passant du trip hop le plus énervé aux moments les plus planants même si la part belle est laissée aux claviers, boucles et autres séquenceurs. Ne pas s’attendre toutefois à de hautes envolées de guitares ni de soli de Moog écervelés : il s’agit toujours d’une musique très fouillée et volontiers expérimentale, à mille lieues des clichés d’un certain rock progressif volontiers passéiste.

Néanmoins, l’auditeur attentif et curieux se laissera vite emporter sur ce navire si fringant, bien que souvent chaloupé. Inutile de préciser que l’on conseille l’achat de ce volume au détriment des deux autres parutions esseulées, chacune incomplète naturellement. Un joli travail, finement ciselé et mûrement réfléchi, ce qui n’est pas l’apanage de tous les concept albums, loin de là…