Extra Life - Made Flesh

Sorti le: 04/03/2010

Par Jérémy Bernadou

Label: LOAF (CD) / Africantape (LP)

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Avec Secular Works, Extra Life posait les bases d’un style bien particulier, à cheval entre de nombreux courants musicaux, autant influencé par la scène Rock in Opposition que par le chant grégorien. Une personnalité insolente et une capacité à prendre l’auditeur à rebrousse-poil en permanence, quitte à en perdre certains en route : les titres issus de cette fusion restent pourtant d’une cohérence à toute épreuve grâce à une écriture où chaque détail est lourdement pesé.

Alors que l’atmosphère générale de ce nouvel album est très similaire à celle de son prédécesseur, les compositions font apparaître des éléments encore plus disparates qu’auparavant. Ainsi, « Black Hoodie », déjà présent sur le split album réalisé en compagnie de Nat Baldwin, comporte un côté faussement champêtre, appuyé par un violon en staccato et des arpèges guitaristiques pour le moins travaillés.

La filiation avec Zs (groupe où l’on retrouve Charlie Looker et Ian Antonio) est de plus en plus ténue. Extra Life continue à prendre son envol, notamment grâce à des atmosphères feutrées où les instruments n’hésitent pas à prendre du recul et des timbres plus variés. En reléguant au second plan le côté « catchy » de leurs rythmiques bouillonnantes, les New-yorkais vont plus loin dans cette quête de nouveauté. « The Ladder » parvient à allier une basse offensive, des claviers au style analogique très typé et un final a cappella sans pour autant s’apparenter à un fourre-tout musical.

Charlie Looker dévoile toute la particularité de son chant, riche en effets nasaux et en intervalles pour le moins athlétiques. Comme si Demetrio Stratos et Tim Buckley s’étaient mis à la musique modale sans pour autant perdre de vue leurs domaines respectifs. Chaque élément semble avoir été pleinement digéré pour mieux mettre en lumière la qualité de la mise en forme.

Les sonorités restent néanmoins balisées. « The Body Is True » est l’un des titres les plus incroyables que le groupe a pu écrire jusqu’à présent. Le chant et la rythmique percutante sont peu à peu rejoints par le reste de la troupe pour former un crescendo enluminé tout en maintenant un groove permanent. Bref, un mastodonte comme on en voit rarement, qui ne fait que confirmer une fois de plus tout le talent d’une formation ayant su s’inventer un monde sans concession et pourtant tellement addictif…