Van der Graaf Generator - Live at the Paradiso

Sorti le: 08/02/2010

Par Christophe Gigon

Label: Voiceprint

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Enregistré dans la mythique salle d’Amsterdam le 14 avril 2007, ce concert d’un Van der Graff Generator devenu trio après le départ du saxophoniste et flûtiste David Jackson comblera les connaisseurs. En sus de la superbe acoustique des lieux, les trois sexagénaires se présentent dans leurs plus beaux atours, à l’aise avec leurs instruments respectifs : l’orgue pour Hugh Banton, la batterie pour Guy Evans et la voix de Peter Hammill. Il serait en outre difficile d’affirmer (sans rire) que la guitare reste l’instrument de prédilection du Thin Man tant l’usage de celle-ci s’avère chaotique et pleine d’ « accidents ». Il ne faut pas oublier dès lors que les trois musiciens viennent remplacer les lignes mélodiques alors assurées par des instruments à vent, à présent envolés…

Dans le long entretien accordé au journaliste en 2009, le chanteur s’explique sur l’absence étonnante de David Jackson, alors que la reformation du line up originel en 2005 pour l’album Present et la tournée qui s’en suivit avait surpris plus d’un fan transi. Le groupe se devait de poursuivre l’aventure sans même chercher à remplacer l’irremplaçable. Cette nouvelle configuration allait naturellement influer sur le choix des titres à incorporer dans la set list de ce concert hollandais qui, forcément, s’avérerait bien différente de celle interprétée dans le double disque en public publié peu avant : Real Time, Royal Festival Hall, London, 06.05.05 et qui reflétait peut-être mieux le Van der Graaf Generator classique.

Si l’absence de flûte ou de saxophone se fait ressentir sur certains titres emblématiques, ces nouveaux arrangements plus sauvages encore achèvent de donner au spectateur l’impression qu’il assiste à un événement exceptionnel. Et c’est bien le cas : l’énergie brute déployée par la bande amputée de ce qu’on aurait pu croire être l’élément leader de la musique du quatuor britannique ne laisse aucun répit à nos oreilles tantôt caressées, tantôt agressées, voire souvent torturées. S’il ne fallait qu’une preuve de l’incroyable acuité de ce groupe réduit à l’axe, il suffit de se référer à l’album Trisector, publié en 2008, qui acheva bien de convaincre les plus sceptiques. L’exécution de l’énorme « Gog », à l’origine sorti sur un album en solo du chanteur, donne un relief particulier au menu de ce concert original et tendu. Comment trois vieux goguenards parviennent-ils à faire tant de bruit ? La réponse, en partie, avec l’interprétation de l’incroyable « Meurglys III, the Songwriter’s Guild ».