Van der Graaf Generator - The Quiet Zone / Pleasure Dome

Sorti le: 26/09/2005

Par Djul

Label: Virgin Records

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Nous sommes en 1977, l’année du dernier album studio de VDGG. Hugh Banton, pilier du groupe, vient de le quitter. Les autres décident de continuer en trio, abandonnant le « Generator » de son nom originel. Après avoir sorti Over, Hammill se lance au printemps dans l’enregistrement du disque, un album à part dans la discographie du désormais VDG.

On peut même parler d’un album solo de Hammill plutôt que de VDG, bien que l’on retrouve toute la rage de ce dernier et que Jackson et Potter soient loin de faire de la figuration. Autre caractéristique, le Graaf délaisse les longues et complexes compositions de ses prédécesseurs pour des titres plus concis, et bien plus modernes.

Le disque est divisé en deux parties assez distinctes. The Quiet Zone consiste en quatre titres plutôt calmes, mais à l’architecture inédite. La batterie de Guy Evans est particulièrement mise en avant, et développe un groove asymétrique jusqu’alors rarement entendu sur un disque de progressif, tandis que le violon de Guy Smith sert à ce qu’il convient d’appeler des riffs, en l’absence quasi totale de guitares sur cette première face. Reste Hammill, égal à lui même, dans un registre rappellant les moments les plus atmosphériques de sa carrière solo. Ainsi, du biscornu et mélodique « Lizard Play » au mouvement presque funky du magnifique « Habit of a Broken Heart », on sent bien que VDG a transcendé la méthode de la vieille école pour accoucher de titres très rythmés, qui sonnent étonnamment actuels. Plus classiques, « The Siren Song » et son piano délicat, et « Last Frame », morceau planant qui s’accélère avec brio, ne dépareillent pas.

The Pleasure Dome voit VDG passer la seconde : plus de guitares, plus d’agressivité, tant et si bien que sans cette formation inédite et cette grande technicité dans la forme, on croirait parfois entendre un disque punk. Notons à ce titre que VDG est une des formations les plus respectées du mouvement punk, qui ne l’a jamais assimilé au progressif contre lequel il est né. « Cat’s Eye / Yellow Fever » est une sorte de transe portée par des instruments à cordes à la limite de la rupture, tandis que « Chemical World » explore la musique orientale, avec de nombreuses interventions de Hammill à la guitare acoustique. Reste « The Sphinx in the Face » et son retour en fin de disque, un morceau extrêmement puissant et rythmé, le plus direct jamais écrit par VDG(G), parfaitement dans l’urgence de son époque.

Cet album est quelquefois oublié des fans, à tort. Il n’a pas pris une ride grâce à ses rythmiques modernes, ses expérimentations et son aspect rock plus évident. Il faudra cependant apprivoiser cet animal furieux qu’est le Graaf, quelques mois avant sa mise à mort programmée.