Ekynox - Renverser le monde

Sorti le: 24/09/2009

Par Jérôme Walczak

Label: Autoproduction

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Les Français avaient intéressé et surpris il y a près de deux ans lors de la sortie du très étonnant Entre Deux Mondes : un album dense, gai, mâtiné d’influences aussi variées qu’Ange, A.C.T. ou Van Der Graaf Generator, notamment pour les parties enlevées et virtuoses de saxophone. Lorsqu’un premier album emballe, l’auditeur se montre bienveillant. Il n’ira pas pinailler sur tel ou tel détail de la production, s’inscrira plutôt dans une impression générale teintée d’une évidente indulgence. On exige moins d’un débutant que d’un confirmé, c’est un fait. Ekynox a toutefois grandi et s’insère désormais dans la cour des grands du prog français. Après le départ de PHP, mentor et auteur principal du groupe, il a fallu un petit moment pour que la formation atterrisse… et il aurait sans doute fallu attendre encore un peu.

Trop hybride, voilà qui pourrait s’appliquer à Renverser le Monde. D’une part, le nouveau chanteur Patrick Gautier s’en sort très honorablement, même si sa voix au manque de fluidité sonne toutefois « années soixante-dix » et rappelle Atoll à son écoute. D’autre part et comme toujours, les parties de saxophone restent pleinement construites et abouties, même si bien moins mises en valeur par une production trop indigente sans doute. Le disque sonne de manière trop mécanique, trop métallique et manque de propreté sonore. La batterie crée notamment comme un parasitage des autres instruments qui peinent à se distinguer les uns des autres.

Par le format du mini album proposé, les quatre titres qui le constituent manquent d’harmonie entre eux. Les oreilles font le grand écart entre « Opus Seth », un instrumental à l’accroche très Metal et aux guitares surpuissantes, et un ensemble plus doux aux refrains entêtants qui se retrouve sur «  Renverser le Monde  », titre très réussi au demeurant. Il existe en outre d’indéniables recherches et expériences heureuses. Les dialogues entre la batterie et le saxophone en sont une, les expérimentations vocales presque punk en introduction de l’album en sont une autre, la légèreté et le dynamisme du dernier morceau en est une troisième, mais tout cela aurait mérité d’être un peu plus étoffé. Trois ou quatre titres supplémentaires n’auraient pas été superflus, et l’ensemble aurait sans doute gagné en cohérence.