Ekynox - Entre deux mondes

Sorti le: 01/02/2008

Par Jérôme Walczak

Label: Autoproduction

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Ekynox prouve à la face du monde musical (prog, jazz, variété, etc.) qu’il y a encore quelque chose qui n’est pas pourri au royaume du Danemark. A cette heure où la communauté des artistes, des majors et autres acteurs de la musique s’agitent comme des charançons sans antennes, les Français d’Ekynox montrent comment il est possible, en 2008, de publier un disque, de le faire connaître, de faire de la scène, tranquillement, sans ambitions démesurées, simplement pour l’amour du travail bien fait. Il tracent un chemin, balisent une voie que tout amateur de musique devrait prendre un véritable plaisir à suivre…

Autant le dire, Entre deux mondes est une gifle ! « Pourquoi ? », me direz-vous ? Parce qu’ils sont de sacrés magiciens : du jazz, beaucoup, avec un saxophone remarquable, d’une discrète virtuosité, une voix féminine somptueuse, judicieusement accompagnée d’une mélodie au piano guillerette et tranquille (« L’intranquillité »), de chœurs seventies tiraillant entre « Hair » et Atoll, l’emphase des morceaux qui se poursuivent comme on les aimait dans les années 1970, avec quelques finales qu’on pourrait entendre chez Yes. C’est bon, simplement bon. Progressif en diable, mêlant des textes assez drôles, secondés par un audacieux cocktail entre les sonorités jazz, le prog des années 1970 et 80 et des moments plus planants (« Vertige »). Les changements de tons et de structures ne sont jamais violents : l’amateur des Canadiens d’Harmonium pourra sans doute s’y retrouver, ceux qui se rappellent d’Arakeen seront sensibles à la voix de Cécile Antoine, il y a même quelques sonorités disco qui viennent ajouter une délicieuse cerise sur un gâteau déjà bien réussi (« Vertige », encore une fois) …

Parfois, on s’égare dans le baroque, le médiéval (flûtes et orgues : « Charivari ») et la ritournelle hypnotise alors de plus belle. A tout ceci s’ajoute de l’humour : une dictée magique, plaisir des trentenaires, pastichée dans « Jeeb pour Isidore » et son envoûtant refrain « Essaie encore… », un peu d’electro aussi, rehaussé d’une pointe de saxo… Tout y est : c’est gai, enlevé. Osons : Ekynox, ce sont les ACT français…

S’il y avait un album à conseiller pour bien commencer cette année 2008, ce serait celui-ci : remarquablement produit, juste, faisant mouche, sans ennui, sans piétinement. Les cinq d’Ekynox sont des musiciens qui aiment leur métier, qui savent le faire partager, qui ont compris que les années à venir rimaient avec créativité et bonheur. Indispensable ! Achetez-le ou téléchargez-le sur leur site !