Nosfell - Nosfell

Sorti le: 24/06/2009

Par Jérémy Bernadou

Label: V2 Music France

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De l’eau a coulé sous les ponts depuis l’onirique premier album Pomaïe Klokochazia balek. Après avoir donné un nombre incalculable de concerts, tous plus habités les uns que les autres, et publié un second disque remarqué, Labyala Nosfell et ses comparses sont retournés en studio pour boucler leur trilogie. Et c’est en Californie qu’ils ont trouvé refuge, sous la houlette d’Alain Johannes (Queens of the Stone Age) qui se charge de la production et de parties additionnelles. Le résultat est donc sans surprise assez rock dans l’approche, plus direct que Kälin bla Lemsnit Dünfel Labyanit.

Le choix d’un propos plus concis et ramassé profite vraiment à l’ensemble qui se dote ainsi d’une grande fraîcheur. Le Klokobetz, langue imaginaire à laquelle nous avait habitués Nosfell, reprend le dessus et contribue à la touche à la fois orientale et balkanique qui parsème le disque. Comme à son habitude, Nosfell écrit ses textes en français avant de les traduire dans « sa » langue. Un seul titre reste dans la langue de Molière, la sombre ballade intitulée « La romance des cruels », chantée en compagnie de Daniel Darc. Josh Homme (Queens of the Stone Age) et Brody Dalle (ex-The Distillers) participent à l’autre collaboration du disque : le dérangé « Bargain Healers » et sa mélodie entêtante.

Labyala utilise davantage sa voix de tête qui lui a souvent valu des comparaisons avec Jeff Buckley, à tort ou à raison. La mise en scène sonore est toujours aussi dépaysante, souvent rythmée par les effets beat box de Nosfell et une instrumentation inhabituelle. Même si la formation est principalement connue pour ses prestations scéniques intenses, son travail studio s’avère d’une richesse toute autre : le mélange des voix sur « Avaden Lis » met en lumière la maîtrise et le travail important dont le groupe a su faire preuve tout au long de l’enregistrement.

Ce disque haut en couleur clôt donc un chapitre de la carrière de Nosfell de la plus belle des manières. A la fois brut et classieux, les musiciens délivrent une facette différente tout aussi intense que leurs précédentes réalisations. On est certes loin de la découverte acoustique de leur première réalisation, mais cette évolution est tout aussi intéressante. Il est finalement difficile de comparer deux albums du personnage, tant les styles abordés sont distincts. Une chose est sûre : Nosfell se réinvente à chaque sortie et excelle dans bien des registres. On attend désormais de pied ferme l’ambitieux projet studio Le Lac aux Vélies, un conte musical illustré par Ludovic Debeurme, déjà présenté en 2007 à la Cité de la musique en compagnie d’un orchestre classique.