IQ - Frequency

Sorti le: 25/05/2009

Par Jean-Philippe Haas

Label: Giant Electric Pea

Site:

La question « IQ peut-il se passer de Martin Orford ? » est sur toutes les lèvres néo-progressives depuis le départ en 2007 de l’un des membres fondateurs du groupe britannique. Le second album solo du claviériste, The Old Road, aussi admirablement fignolé que sans une once d’originalité a pu lors de sa sortie en 2008 apporter un élément de réponse. Dès lors, si Orford ne brille pas sans IQ, IQ peut-il briller sans Orford ?

En apparence, ce départ ne semble pas avoir troublé outre mesure une machine bien huilée. Le batteur Andy Edwards s’intègre dans l’ensemble sans faire de vagues (il n’en fera pas davantage en concert puisque c’est Paul Cook qui tiendra à nouveau les baguettes sur les routes) et le petit nouveau, Mark Westworth, se garde de trop s’éloigner du style de son prédécesseur sans pour autant faire de la figuration, utilisant pour convaincre tout l’attirail disponible, des volutes de piano aux nappes hypnotiques en passant par les brouillards électroniques. Mike Holmes et ses acolytes ne s’affranchissent donc guère de l’univers musical qu’ils ont patiemment construit depuis bientôt trois décennies. A bien des moments, cette production vient piocher dans Ever, lorsque ce n’est pas franchement dans Wake. Ainsi, « Frequency » ne prend pas le risque de déstabiliser le fan de la première heure et déçoit pas son côté « en roue libre ».

Et lorsque de bonnes idées émergent, elles sont souvent par trop diluées, comme sur « The Province », qui du haut de ses laborieuses treize minutes, trahit un travail bâclé, tel un assemblage d’idées qu’on n’aurait pas suffisamment laissé reposer. Mais ces compositions en demi-teinte ne sont-elles pas finalement une constante dans la discographie des Britanniques ? Des arbres qui cachent une forêt de petits trésors ? Car IQ, loin d’avoir épuisé ses ressources, réussit à tirer de derrière ses fagots quelques passages épiques à souhait auxquels il est difficile de résister. « Stronger Than Friction » / « One Fatal Misake » et ses multiples rebondissements, par exemple, tient facilement la comparaison avec « Further Away » ou « The Seventh House ». Sans parler de « Closer », qui conclut Frequency sur cette note douce et nostalgique dont le groupe a visiblement encore le secret.

Aussi, il serait injuste de qualifier Frequency d’« album de transition », tant il maintient un niveau élevé de qualité, à défaut d’être d’une exemplaire constance. Il s’agit simplement d’un disque de plus, qui n’aura pas à rougir aux côté de Dark Matter. Martin Orford s’est passé d’IQ. Désormais, IQ peut se passer de Martin Orford.