Frost* - Experiments in Mass Appeal

Sorti le: 06/01/2009

Par Christophe Gigon

Label: InsideOut Music

Site:

Parmi les « supergoupes » issus de formations progressives contemporaines, Frost* fait peut-être office de figure de proue, tant pour les compétences évidentes des musiciens qui le composent, que par le produit incroyablement léché qu’il propose. Le meneur de troupes, Jem Godfrey, bien qu’inconnu du public amateur des musiques discutées sur notre site, n’en est pas moins un musicien, compositeur et producteur de poids au Royaume-Uni. Son professionnalisme est connu loin à la ronde même s’il était jusqu’à présent connu pour ses travaux aux côtés d’artistes évoluant davantage dans des eaux commerciales et « radioformatées&nsbp;». Son amour immodéré pour les musiques plus ambitieuses n’aurait su rester plus longtemps en berne. C’est pourquoi Jem décida, en 2006, de former un groupe composé de fines gâchettes venues des grands espaces progressifs (John Jowitt et Andy Edwards d’IQ et John Michell d’Arena, Kino et It Bites) et de sortir un premier album salué par la critique, Milliontown, la même année.

Second album donc pour cette jeune formation pourtant déjà fort riche d’expériences. Comme le seul point faible du premier essai semblait être la voix de Jem, un cinquième larron, Dec Burke, a été engagé pour tenir le rôle de chanteur sur Experiments in Mass Appeal. Bon choix même si cette voix ressemble beaucoup à celle de John Mitchell, guitariste au sein de la même formation. N’aurait-il pas fallu laisser la place à celui-ci d’ailleurs ? Pour le reste, La recette reste sensiblement la même que celle qui avait tant plu deux ans auparavant, à savoir une musique d’obédience pop mêlant des influences progressives évidentes et, cerise sur le gâteau, bénéficiant d’une production énorme comme savent si bien les faire les Américains. On sent bien que celle-ci a bénéficié des travaux antérieurs de Jem Godfrey. Un disque très accessible, très frais, moderne et assez pêchu pour plaire aux amateurs de musiques plus agressives (Dream Theater, Symphony X ou même Pain of Salvation) tout en ne perdant jamais en route cette finesse so british dont sont dénuées, et pour cause, de trop nombreuses formations d’outre-Atlantique. Des compositions finement ciselées aux influences peu présentes et menées par une voix bien éloignée des poncifs du genre. Une voix qui plaira au grand public, à n’en pas douter.

Un disque remarquable, on frôle ici la perfection pour autant que l’on aime ce style de musique parfois très proche des standards plus commerciaux. Ce qui empêche malgré tout toujours Frost (comme Kino ou It Bites du reste) de sombrer dans le « gros rock mainstream bassement mercantile reste cette volonté générale de maintenir une exigence esthétique, tant dans les textes que dans les compositions, tout en sachant envoyer la sauce quand il le faut. Le reproche évident que l’on est en droit de formuler est que cet album est bien peu différent de son prédécesseur. Frost aurait-il donc déjà tout dit ? On espère bien que non.