Frost* - Milliontown

Sorti le: 18/08/2006

Par Dan Tordjman

Label: InsideOut Music

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Jamais on n’aurait pensé un jour devoir mentionner les noms de Ronan Keating, Atomic Kitten ou Blue dans ces colonnes bien trop underground pour le commun des mortels. Et pourtant, il existe un point commun entre ces artistes et Jem Godfrey, cerveau de Frost, puisqu’il a collaboré avec ces « grands » noms (à grand public – superlatif approprié, vous en conviendrez n’est-ce pas ?). Avec de tels noms, Godfrey s’est créé un carnet d’adresses dans lequel il a le téléphone de John Mitchell, (Arena/Kino), John Jowitt (Ex-Arena/IQ) et Andy Edwards (nouveau batteur de …IQ). Qui a dit que le monde était petit ?

A quoi s’attend-on à la première écoute ? A des titres de trois minutes trente ? Pour cela, allez écouter Atomic Kitten. Ici, tout commence fort avec « Hyperventilate », instrumental absolument hallucinant où se côtoient limpides parties de piano, soli de guitare et de synthés bien sentis et breaks improbables mais bien placés. « No Me No You » et sa voix trafiquée fait penser à une rencontre entre Nine Inch Nails, Billy Idol et un Arena au mieux de sa forme (ce qui n’est plus le cas depuis quelques albums, hélas). Godfrey évolue à des années-lumière de son champ d’action habituel mais son sens de la mélodie est judicieux et fort à propos. Toutefois, son chant divisera l’auditoire, à la fois par le registre et les effets qui y ont été ajoutés. Certains trouveront audacieux, d’autres risquent de tiquer.

On passe ensuite à « Snowman » qui est hélas bien en deçà du reste de l’album. Nous pourrions dire que c’est même le titre le plus « inégal » du disque. Cette ballade mièvre et fade fait vraiment tache entre deux titres qui arrachent. Passons donc dessus rapidement pour s’attarder sur « The Other Me » qui, avec ses sonorités modernes, fait penser à l’improbable croisée des chemins entre Muse et Hawksley Workman. Son refrain une fois en tête n’en sort plus et on n’a qu’une envie : d’écouter le titre encore et encore et de l’entendre en concert. Imaginez toute une salle chantant en chœur et un sacré frisson se déclenche.

Terminons avec les deux pavés que sont « Black Light Machine » et le titre éponyme. Le premier cité est une petite merveille avec des guitares magnifiques. La guitare de John Michell est, comme à son habitude, cristalline au possible et fait vraiment mouche à coté des parties de claviers de Godfrey (ce passage façon Liquid Tension Experiment, Jordan Rudess ne l’aurait sans doute pas renié !). Quand au monolithe éponyme, il suscite une légère appréhension a la vue de ses 26 minutes 35 secondes au compteur. Disons le franchement, l’exercice épique dans notre genre favori est certes une figure imposée, relevant souvent du quitte ou double, et, à moins de s’appeler Flower Kings ou Spock’s Beard [Note cynique du rédacteur en chef adjoint : même ces deux groupes ne l’ont que rarement réussi ;o)], peu de formations peuvent se targuer d’avoir passé l’examen avec succès. Dans le cas présent, Godfrey a puisé son eau dans les groupes susnommés (surtout chez les barbus) pour l’ajouter à son vin qu’il avait déjà saupoudré de graines de Marillion, ACT, Danny Elfman, LTE et autres Arena. Certes, cela fait une multitude d’ingrédients et on frôlerait l’indigestion à l’idée de devoir ingurgiter un tel mélange. Et pourtant, on en reprendrait bien un verre. Alors, on remettra le CD au début jusqu’à plus soif. Si l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, vous pouvez consommer Milliontown sans aucune modération.