Sebkha-Chott - Nigla[h] - Tapisseries fines..

Sorti le: 11/12/2008

Par Jean-Philippe Haas

Label: Musea Parallèle

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Non, vraiment, il y a de l’abus. Passent encore les morceaux de deux secondes et demi de Napalm Death ou les quasi supercheries musicales de Vincent Bergeron. Mais une tracklist de cette longueur, c’est une atteinte à l’intégrité mentale de tout chroniqueur qui se respecte, d’autant que le déchiffrage des jeux de mots prend beaucoup, beaucoup de temps. Surtout si l’on tient compte des pauses rigolade. A l’écoute, heureusement ça passe beaucoup mieux, et finalement, si ce découpage incongru peut décourager les pirates de tout poil, alors banco ! [NdlR : bien que le groupe soit sous Licence Art Libre…]

Difficile (hors de question, oui !) de procéder à une « analyse » des titres, car Nigla[h] remporte haut la main le concours de « Mélangeage du plus grand nombre de styles possible » qui comptait pourtant quelques challengers notoires ! Digressions de tout ordre – bruitistes, pianistiques, ethniques, cinématiques, ésotériques, Loire Atlantique, et autres extraits de « Bernie » – viennent s’incruster au milieu d’un maelström sonore qui met à mal les termes de metal, klezmer, jazz, musique de cirque, de chambre et d’ascenseur. Rôts électriques, flatulences percussives et gémissements cuivrés se mêlent avec bonheur dans cette farce de non-sens contrôlé digne des Monty Pythons.

Côté chant, c’est du délire à la Patton, des cris, du grunt, du growl, du vocodeur et un peu de n’importe quoi dans les interstices. Du n’importe quoi maîtrisé, s’entend, comme la musique, réfléchie, structurée, œuvre de fins techniciens (quel batteur, mes aïeux !). Si un concept gouverne cette chose, bienheureux celui qui sera capable d’en délimiter les contours ou d’y trouver des interprétations cachées. Car on n’en doute pas, Sebkha-Chott est un groupe engagé. Probablement. Dans quelle cause ? On hésite entre Greenpeace, Attac et le FLNJ. Dès lors qu’on adhère à l’aspect « foutoir » de l’œuvre, il reste peu de choses à reprocher à celle-ci. Pinaillons : on aurait souhaité des guitares plus lourdes et plus incisives, un mixage un peu plus équilibré sur certains titres. Et c’est à peu près tout.

A l’issue de Nigla[h], on se dira soit « Blessed Are the Deafs » soit « This Story Never Ends, As It Begins Right Now and Will Not End ’til It Begins Once More, and Then It’s Gonna Be All the Same… ». Ces types-là ont tourné avec les grands malades d’Unexpect, ce qui ne risque pas de rétablir leur équilibre psychique déjà précaire. Pour tout dire, on ne le souhaite pas vraiment car un album de Sebkha-Chott, c’est un peu comme une boite de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber.