Lazuli - En avant doute …

Sorti le: 17/09/2007

Par Aleksandr Lézy

Label: Musea

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Si leur deuxième album Amnésie est passé inaperçu dans la sphère progressive à sa sortie en 2004, En avant doute … a quant à lui fait sensation un peu partout d’abord en France mais aussi en Allemagne ou aux Pays-Bas, où ils sont très appréciés et sollicités. Et pour cause, Lazuli est sans conteste l’une des révélations françaises de ces derniers mois, probablement grâce à des prestations scéniques superbes et une musique douce, intelligente et originale. Les gardois affichent des attributs conséquents : six musiciens et un instrumentarium audacieux et atypique. Alors… en avant toute ! pour une chronique d’En avant doute !

Lazuli est à la base un groupe de « world music » qui, avec le remplacement d’une guitare acoustique par une guitare électrique s’est lentement dirigé, inconsciemment, vers une musique, qui par la force des choses se retrouve cataloguée comme progressive. Il n’en reste pas moins que Lazuli est atypique dans ce mouvement et dans la sphère musicale en général.
En effet, lorsqu’un groupe se compose d’un guitariste/chanteur (Dominique Léonetti), d’une guitare électrique (Gédéric Byar), d’un marimba et d’un vibraphone (Frédéric Juan), de percussions (Yohan Siméon), d’une guitare Warr (Sylvain Bayol) et d’une Léode, cet instrument hybride unique au monde (Claude Léonetti), on ne peut que parler d’atypie. La musique qui en découle est elle toute aussi surprenante.
Douce et voluptueuse dans les mélodies, puissante par le mélange des instruments dans les sonorités, captivante et onirique par les textes en français soignés et la voix délicate de Dominique, véritable maître de cérémonie, la musique de Lazuli transporte littéralement. Le format court des neufs chansons qui composent le disque est ancré dans un schéma tel que celui de la variété française, avec couplet/refrain se succédant et des arrangements hautement travaillés. La progression des morceaux se fait du calme vers le soutenu, sans jamais perdre le fil de la chanson ou changer d’univers. Chaque morceau porte en lui un caractère propre qui fait de l’album un disque unique et incomparable, même si quelques moments peuvent rappeler tel ou tel artiste.
La Léode apporte une dimension extraordinaire par sa fluidité et la diversité de ses sons, se fondant dans n’importe quelle atmosphère. Dans la mesure où il est le seul à en jouer, Claude Léonetti se permet de se laisser beaucoup d’espace, pour notre plus grand plaisir d’ailleurs. Les soli lui reviennent donc tandis que la Warr de Sylvain et les percussions de Yohan tiennent le rôle de conducteurs de locomotive. La guitare de Gédéric et les instruments à lames de bois ou de métal de Frédéric apportent de petits détails harmoniques et mélodiques subtils ajoutant à l’ambiance. Chaque musicien est mis à échelle égale, insufflant alors sa touche personnelle à l’architecture des morceaux.

Question production, il n’y pas grand-chose à dire, le travail maison est très honorable et permet de distinguer chaque instrument à sa juste valeur dans un espace restreint, le rendu étant resserré, confiné. La profondeur se retrouvera plus facilement dans la voix mise en avant, force motrice du groupe. La Warr a du mal à ressortir comme telle passant plus facilement si on ne le sait pas pour une simple basse, ce qui est peut-être voulu. Très personnelle et à la fois conventionnelle, la production enchante et réussit le pari de l’efficacité.

Le DVD accompagnant l’album renferme quant à lui tout ce qu’un fan appréciant particulièrement un groupe peut espérer recevoir ! Six chansons en concert au théâtre de l’Odéon de Nîmes, le vidéo clip de Le repas de l’ogre, une galerie photo, un « behind the scene » de quarante minutes ni plus ni moins, où l’on appréciera l’humour des compères et la petite histoire de la Léode par son concepteur (c’est pour cela qu’il n’y a en pas dans cette chronique, laissant ainsi la possibilité au lecteur de le découvrir par lui-même). Un joli bonus qui ne se regardera pas qu’une fois en fin de compte.

En définitive, En avant doute… est un album irrésistible par la force qu’il dégage. Un souffle nouveau en opposition aux redondances du rock progressif naît de ces neuf titres. Nulles démonstrations ici, juste l’originalité et les talents d’écriture et d’arrangement de ces six musiciens. Le seul regret à formuler est que le disque ne se prolonge pas plus longtemps, seule la touche « repeat » de la platine cd permettra le frisson, encore et encore…