Lazuli - Tant que l’herbe est grasse

Sorti le: 06/04/2014

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

Site: www.lazuli-music.com

Lazuli est de retour, et compte bien frapper un grand coup. Peut-être celui qui enfin le propulsera là où il le mérite : à meilleure place dans le rock français, dont la moitié des représentants au moins pourrait s’incliner humblement devant son talent. Pendant la tournée européenne qui s’étalera sur 2014, les Français défendront ainsi Tant que l’herbe est grasse, nouveau disque dans la lignée de (4603 Battements).

En effet, à l’instar de son prédécesseur, les aspects world/electro se sont retirés en arrière-plan, au profit d’un rock sophistiqué ne se refusant pas quelques passages bien heavy. « Déraille » ouvre l’album en grande pompe, soufflant le chaud et le froid par son texte incisif, métaphorique, et les contrastes marqués entre couplet et refrain. Concision et efficacité. « Homo Sapiens » et « Multicolère » jouent d’ailleurs sur ces mêmes qualités, qui sont l’une des marques de fabrique de Lazuli. Des compositions plus aériennes (« Prisonnière d’une cellule mâle », « Tristes moitiés ») non moins pessimistes, mais moins pesantes, donnent une réplique à leurs homologues enragés.

Mais ce que l’on préfère peut-être chez le quintette gardois, davantage encore que sa capacité à tout dire en peu de minutes, ce sont les titres plus développés, qui nous imprègnent petit à petit et dont nous n‘arrivons plus à nous libérer. « J’ai trouvé ta faille », dont l’invité de marque n’est autre que Fish, est de ceux-là. Les relations entre l’Ecossais et le quintette hexagonal ne s’arrêtent d’ailleurs pas à cette seule collaboration. On retrouve un peu de A Feast of Consequences sur le final du disque, dans cette manière de construire les atmosphères pour donner un éclairage nouveau aux paroles mises en scène par la voix de Dominique Leonetti, empiétant parfois sur le territoire de Tristan Decamps. Ligne d’horizon qui fend ces paysages changeants, guide spirituel dans un flot imagé d’émotions, elle est un instrument à part entière, indissociable de la musique.

Tant que l’herbe est grasse prendra toute sa dimension sur scène, car Lazuli ne peut se contenter d’être écouté au fond d’un fauteuil. Ce n’est pas pour rien que le groupe est l’un de nos meilleurs ambassadeurs du genre à l’étranger. Il est grand temps que sa mère patrie aussi prenne toute la mesure de son talent !