Phideaux - Doomsday Afternoon

Sorti le: 15/09/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: Bloodfish Music

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Un an à peine après la sortie de The Great Leap, premier épisode d’une trilogie, Xavier « Stakhanov » Phideaux nous livre la suite, un album en deux actes nommé Doomsday Afternoon, renouant ainsi avec le titre fleuve à la Chupacabras. La quantité incroyable de matériel composé par Phideaux ces trois dernières années pouvait laisser craindre une certaine irrégularité de la qualité d’ensemble. Doomsday Afternoon prouve qu’il n’en est rien.

C’est d’autant plus vrai que, pour donner davantage encore de contenance à cet album, Phideaux a fait appel à une pléthore de musiciens, apportant chacun à cet impressionnant édifice sa brique musicale ou vocale. Quelques invités prestigieux comme Martin Orford (ex-IQ), Matthew Parmenter (Discipline), ou rien moins qu’un orchestre classique de quinze personnes se sont également glissés discrètement au milieu de cette apocalypse. En outre, de nombreuses voix féminines viennent accompagner le timbre si particulier du prolixe auteur/ compositeur/ interprète.
A l’instar de Beardfish – chez qui les amateurs de Phideaux doivent sûrement trouver leur bonheur – Doomsday Afternoon offre un impressionnant éventail de styles et d’époques. Au gré de cet « après-midi de Jugement Dernier », on songera à Genesis, Supertramp, Simon & Garfunkel, Renaissance et beaucoup d’autres. Ainsi, bien que dotée d’une production remarquable et d’arrangements modernes, la musique de Phideaux garde toujours un pied (et parfois deux) dans les années 60-70.

Les différents titres (qui en réalité n’en constituent qu’un seul) oscillent entre deux et quinze minutes, en une alternance de pièces courtes, souvent calmes, et de longues plages aux multiples développements instrumentaux. Sous-titré « An eco terror tale », Doomsday Afternoon met en scène des personnages confrontés à la destruction par l’homme de son environnement. Est-ce pour cette raison qu’il flotte sur ce disque une brume aux relents gothiques, que des lames de mélancolie viennent parfois traverser ? La langueur nostalgique de certains titres comme « Candybrain », « Crumble », ou « Thank you for the Evil », les thèmes récurrents, les voix féminines, les nombreux passages folk ou acoustiques s’immiscent inexorablement dans les esprits pour former un puzzle d’une complexe beauté.

Fil rouge graphique de cette trilogie, les magnifiques – et plutôt inquiétantes – peintures de Molly Ruttan s’inspirent d’une toile de Dali (Monument impérial à la femme-enfant) mais aussi du travail de Paul Whitehead sur Foxtrot de Genesis, influence confirmée sur l’une des toiles par la pancarte d’un mendiant annonçant « 666 is no longer alone »…

Phideaux frappe fort avec ce Doomsday Afternoon très abouti, d’une richesse peu commune, intégrant divers courants du rock dit « classique ». Considérant les deux premières parties de la trilogie, on est en droit d’espérer encore mieux pour le volet final de la part de l’Américain prodigue.