Phideaux - Chupacabras

Sorti le: 21/05/2006

Par Djul

Label: Autoproduction

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A la suite de notre chronique de Ghost Story, troisième album de Phideaux, nous vous proposons son pendant, sorti un an après en 2005, Chupacabras. Ce disque est en effet une compilation de morceaux ne s’insérant pas dans le concept des albums précédents du multi-instrumentiste. Il ne s’agit donc pas de ce que l’on appelle pudiquement des « chutes de studio », terme révélant implicitement que les morceaux concernés n’étaient pas qualitativement au niveau attendu. Lorsque l’on sait l’importance des idées derrière chaque album du new-yorkais, on se doute que son explication n’est pas une simple excuse, et, au final, il est clair que ce disque est tout aussi plaisant que les véritables albums de l’artiste, à la manière de l’excellent Ampersand des IZZ.

On peut d’ailleurs dire que s’il n’y avait qu’un disque de Phideaux à recommander à un amateur de progressif « pur », ce serait celui-ci. Le nombre limité de morceaux cache en effet deux pavés qui sont sans conteste ce que le bonhomme a composé de plus progressif, au sens traditionnel du genre. « Chupacabras » atteint ainsi ses 20 minutes sans difficulté, et constitue une sorte d’hommage au « Supper’s Ready » de Genesis, dont il reprend malicieusement le titre dans une de ses parties (« Supper’s Calling »), les passages de pianos saccadés ainsi que les envolées de guitares que l’on associe immédiatement à l’ancien groupe de Peter Gabriel. Le second titre phare est « Ruffian On The Stairs », composé de trois « sous-morceaux », sur lesquels la tension monte d’un cran (voire de deux !), et où on comprend pourquoi VDGG et Hammill sont des références revendiquées par Phideaux : la voix menaçante et les guitares grinçantes sur ce titre à tiroirs.

En dehors de ces deux longs epics, on retrouve des titres beaucoup plus ramassés, et très mélodiques, plus proche donc des œuvres habituelles de Phideaux. On peut noter en particulier « Party », un morceau presque new wave, avec des claviers très synthétiques et un chant féminin, qui reste cependant trop sophistiqué pour n’être que recensé dans cette catégorie. Notons enfin « Fortress of Sand », une belle plage quasi-instrumentale et très lunaire, avec des claviers et des guitares « spatiaux » tirés de démos d’autres titres du groupe.

L’ensemble s’écoute comme un très bon album, certes varié mais que l’on classifierait sans doute dans la catégorie « néo-progressif », du fait du chant très expressif voire théâtral de Phideaux et des claviers très présents. Voici un disque recommandable aux amateurs de Fish ou d’Arena, étant précisé que le second recueil d’inédits, 313, est lui beaucoup moins recommandable. En effet, l’album compile des titres faibles, peu inspirés et n’a pour seul mérite sa cohérence d’ensemble dans le son et l’approche assez… folk. Il est donc probable que notre lecteur s’aguille de lui-même vers Chupacabras.