The Mediation Project - 2 : Second System Syndrome

Sorti le: 19/05/2007

Par Jérôme Walczak

Label: Musea

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Musea évolue parfois vers des chemins imprévisibles. Qui s’en plaindra ? Le label peut parfois en effrayer certains : trop de douceurs, trop de prog dégoulinant, trop de groupes japonais, trop de bons sentiments, de guimauve, de farfadets et de pochettes mal photoshopisées. Trop de choses du passé, trop de choses qui s’essoufflent, trop de nostalgie [NdRéd : ce sont nos amis de Sebkha-Chott qui vont être contents !].

Guillaume Cazenave arrive tranquillement, avec son joyeux bazar de samples, de bruits électro, de voix effleurant sans tabous le death métal. L’artiste fait partie de cette longue tradition des artistes « totaux », au même titre que les Floyd, Björk ou un David Bowie en dépression créative. Cazenave est un touche à tout : musique, voix, photo, son, vidéo. Il nous octroie ici une parcelle infime de son œuvre, à savoir un simple disque, mais qui en dit long, très long, sur les capacités du Monsieur.

Second System Syndrome: c’est noir, gris, violent, triste, révolté, mais tout cela, on aurait tendance à l’oublier parfois, c’est typiquement prog, c’est même ce que le prog fait de mieux depuis longtemps. Le rock progressif, c’est le romantisme à fleur de peau, la plainte, la rage, le tout engoncé dans un disque pétri de virtuosité.

On entre dans un univers noir, dans le côté obscur du rock progressif, qui pourrait, à certains moments, rappeler, mais vraiment par soupçon, les parties les plus sombres d’Ayreon. Cazenave casse tout, il mêle les styles, s’aventure dans des rythmiques hip hop, n’a pas peur des samples et n’hésite pas à attaquer par le versant le plus abrupt le traditionnel ronronnement de la soupe néo-progressive. Il est loin du traditionnel basse-guitare-batterie-clavier. Nous sommes ici dans le déconstruit, dans le fatras, dans le désordre, mais dans un désordre audible. Les lignes ont bougé, tout est clivé, mais tout reste accessible. Cazenave pose la question dans son livret : « Is there a code ? ». Non. Enfin, il était temps, ajoutons-nous…
Il n’y en a plus, et si le prog peut enfin redevenir quelque chose, c’est en s’aventurant dans ces contrées plus hostiles, mais largement plus motivantes et enivrantes que ce qu’on a parfois l’habitude d’entendre. Ce disque est bon, ce disque rafraîchit. Il est certes un peu anxiogène mais il vient nous montrer aussi que le rock aventureux a de l’avenir.

Foncez, foncez, foncez ! Voici un petit chef d’œuvre !