Galahad - Resonance (Live in Poland DVD)

Sorti le: 14/01/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: Metal Mind Productions

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A l’évidence, sortir un DVD « en concert » devient accessible à presque n’importe quel groupe avec un minimum de moyens. Nombre de formations métalliques ou néo-progressives, dont Jadis, Arena, Landmarq ou Pendragon pour ne citer qu’eux, ont décidé de confier la réalisation de leurs DVD au label Metal Mind Productions qui, à l’instar du plombier polonais, doit vraisemblablement offrir des prestations défiant toute concurrence. Ceux qui ont eu l’occasion de visionner un DVD produit par Metal Mind confirmeront la qualité générale de ses réalisations.

Parmi les formations confidentielles du néo-progressif anglais de la première heure, Galahad est peut-être celle qui a le plus tenté de se renouveler, avec une réussite artistique variable. Si Sleepers (1995) amorçait un changement mais restait encore très consensuel, Following Ghosts (1998) et plus récemment Year Zero (2002) tentaient timidement de placer un orteil ou deux en-dehors des sentiers battus, durcissant le ton par ici, faisant brièvement une incursion dans la musique électronique ou l’ambient par là.

Pour son premier DVD, Galahad a décidé de tout miser sur l’album à paraître en 2007, Empires Never Last en incluant dans le concert pas moins de 5 titres sur les 8 que comptera l’album ! Un pari audacieux mais sans doute pas anodin car le public ne s’est a priori pas déplacé pour eux (ils assurent ici la première partie de Pendragon dont le DVD And Now Everybody To The Stage enregistré lors du même show est chroniqué dans nos pages). Seuls les trois précédents albums studio ont droit de cité ici : les quatre premières parties de Year Zero, « Bug Eye » pour Following Ghosts et le morceau éponyme de Sleepers. Galahad joue donc clairement la carte de la surprise en proposant ses titres les plus récents et/ou audacieux.

Après une introduction signée Prokofiev, c’est un Stuart Nicholson transfiguré en prêtre cramoisi qui entame un inquiétant « I Could Be God » encore inconnu de tous, possédé par on ne sait quel dieu malfaisant du néo-prog, sous les yeux d’un public respectueusement assis dans les confortables fauteuils du Wyspianski Theatre. Un peu crispé les premières minutes, le groupe prend peu à peu de l’assurance grâce à des titres plus rôdés comme « Sleepers », qui reste sans doute leur composition la plus réussie à ce jour. Du coup, les trois derniers titres – inédits – passent comme une lettre à la poste. Mention spéciale pour le puissant « Empires Never Last », amené probablement à devenir un classique du groupe en concert.

Il ne s’agit évidemment pas d’un DVD à gros budget, le côté « foutoir » de la scène et le décor minimaliste sont là pour en attester. Mais malgré cela, très peu de défauts sont à relever. La qualité du son et le mixage sont excellents (l’option 5.1 est évidemment disponible). On pourrait discuter du montage, sans doute réalisé un peu trop hâtivement (de rares plans ne collent pas tout à fait à « l’action ») mais au niveau de l’interprétation, excepté un peu de fébrilité et quelques transitions approximatives, le groupe s’en sort haut la main… même si « charisme » n’est pas le mot qu’on emploierait pour qualifier leur présence scénique.

Outre les habituelles bio-, disco- et photographies, c’est une foule de boni qui remplissent jusqu’à ras bord ce DVD. Un petit documentaire rigolo sur la genèse du concert permet de nous familiariser en musique avec le groupe dans une ambiance bon enfant. Une entrevue avec Stuart Nicholson (chant) et Roy Keyworth (guitare) retrace l’historique du groupe (où l’on apprend que Stuart avait auditionné pour Marillion après le départ de Fish !). Enfin, un fan de la première heure (polonais, il va sans dire) explique à Stuart son parcours de « Galahaddict »… un bonus d’un intérêt réellement discutable, celui-là ! Malheureusement, l’absence de sous-titres réserve ces suppléments aux anglophones. Les pistes audio quant à elles ne sont pas dénuées d’intérêt puisqu’elles sont tirées en grande partie des sessions d’enregistrement de Empires Never Last et permettent ainsi de se faire une idée – si c’est encore nécessaire ! – de l’album à venir.

Resonance n’est pas l’œuvre d’un groupe à la pointe du mouvement progressif mais vaut quand même très largement qu’on s’y attarde, et plus d’un instant. Galahad a sorti pour l’occasion son attirail le plus original, ses compositions les plus touffues, les plus complexes, prenant le risque de jouer de nombreux titres non encore rôdés sur scène. Le groupe aurait tout aussi bien pu faire l’inverse et proposer au public polonais ses titres les plus courts, les plus accessibles, les plus consensuels. Saluons cette audace, cette prise de risque et puisse Empires Never Last connaître le succès que mérite un groupe qui cherche à s’extirper du genre dans lequel il est confiné.