Genesis - Foxtrot

Sorti le: 15/06/2005

Par Djul

Label: Charisma

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Après être devenu l’une des révélations de la scène progressive naissante en Grande Bretagne avec Trespass et avoir confirmé, au moins en partie, les espoirs fondés en lui avec Nursery Crime, Genesis se devait d’enfoncer le clou par sa troisième sortie. Aidé par des concerts réputés magiques qui soudent le groupe, et un Peter Gabriel dont la vision s’étoffe chaque jour, les Anglais arrivent en studio avec tous les ingrédients d’une bonne explosion. En termes de notoriété et de ventes – tout du moins hors Etats-Unis – cet album sorti en 1972 a dépassé son but. Il est également le symbole d’un groupe qui compose de façon beaucoup plus construite, ce qui laisse présager à l’époque d’autres disques mémorables à suivre : Selling England by The Pound en 1973, par exemple.

L’un des éléments qui surprennent à travers tout ce disque, hors des sons certes un peu datés, est sa dynamique. Illustrée par « Watcher of the Skies », elle signe la fin des atermoiements de Trespass et des sonorités agressives de Nursery Crime au profit d’une musique plus fluide, plus mélodique, mais aussi plus pensée. Le paisible « Time Table », sur les chevaliers de la Table Ronde en est un autre exemple, mais le plus parfait reste « Supper’s Ready », chanson mythique, et peut-être le meilleur morceau « épique » – plus de vingt minutes – jamais composé. Il reste un des grands moments de Genesis dans le cœur des fans, et constitue le paroxysme de l’exubérance de cette formation qui reviendra à un format et à une musique plus sage dès Selling England by The Pound.

Composé de sept mouvements aux rythmes et mélodies différents, « Supper’s Ready » passe du progressif le plus académique en introduction, aux passages les moins conventionnels, tel le menaçant « Apocalypse in 9/8 » ou le bien barré « Willow Farm ». Peter Gabriel, littéralement possédé, n’hésitera pas sur scène à enfiler plusieurs costumes pour conter cette histoire sans queue ni tête. Le groupe, quant à lui, fait preuve d’une rare cohérence : rien ne dépasse.

Ainsi, même si la production est loin d’être optimale, même pour l’époque, et bien que les claviers de Banks n’aient pas encore toute la rondeur et la variété qui caractérisent Selling, Foxtrot reste une pierre angulaire de la discographie de Genesis, la première d’une longue série.