Genesis - Abacab

Sorti le: 16/11/2004

Par Pierre Graffin

Label: Charisma

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Un an après Duke, album de transition hors pair, Genesis retourne dans le studio dont il est désormais propriétaire, au cœur d’une ferme du Surrey, baptisée sobrement – mais justement – : « The Farm ». Si Duke avait inauguré une nouvelle orientation musicale tout en ménageant les susceptibilités des premiers fans, Abacab enfonce littéralement le clou avec un album qui n’a décidément plus grand-chose à faire dans la catégorie rock progressif. Ainsi, la suite « Dodo / Lurker » n’en est-elle qu’une pâle représentation. La production, confiée à Hugh Padgham (connu pour sa collaboration avec The Police, notamment), pose les jalons de ce que sera le groupe dans les années quatre-vingt : un son très FM allié à des titres formatés, accrocheurs, efficaces et surtout considérablement raccourcis.

Les fans de la première heure désertent, écoeurés, les expérimentations musicales de cet album pourtant créatif et le plus novateur de la carrière du groupe. Le maître Gabriel en personne le saluera d’ailleurs en tant que tel.
La réussite commerciale est aussi présente et ce disque ne fera qu’amplifier la renommée internationale de Genesis. S’y ajoute le succès remporté par le premier album solo de Phil Collins, Face Value, qui renforce l’influence du chanteur dans le groupe. Ainsi la section de cuivre d’Earth Wind & Fire se retrouve dans « No Reply At All » et l’improvisation générale prend le pas sur les méthodes écriture traditionnelles : le groupe se retrouve en studio et enregistre au gré des inspirations pour faire le tri ensuite. Les textes sont relégués au second plan et, pour la première fois, ne figurent pas dans la pochette du disque.
Ces « élucubrations » aboutissent à des compositions parfois très controversées – « Who Dunnit » est honni même par les fans les plus extrêmistes – tout en côtoyant le carrément génial, comme le très abouti « Me And Sarah Jane » qui démontre, si besoin est, que Tony Banks demeure malgré tout le gardien de la flamme.

Abacab marque une étape majeure dans la carrière de Genesis : rien ne sera plus comme avant.