Genesis - Duke

Sorti le: 22/07/2004

Par Pierre Graffin

Label: Charisma

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C’est avec le retentissant « Behind The Lines » que le désormais trio (depuis le décevant …And Then There Were Three) attaque les années quatre-vingt. Ce morceau et son break inattendu synthétisent ce que sera la couleur du « nouveau » Genesis : entre modernité et tradition, à l’image de l’album entier. Le projet initial de ne faire qu’une grande suite de vingt-sept minutes des titres « Behind the Lines », « Duchess », « Guide Vocal », « Turn it on again », « Duke’s Travel » et « Duke’s End » est finalement abandonné. A l’aube d’une nouvelle décennie, où le rock progressif est malmené par le punk et la new wave, modes d’expression plus directs, forts de leur simplicité et portés par la réaction, il y a fort à parier que ce type d’exercice aurait pu avoir un impact différent sur la destinée du groupe… Duke permit en effet au groupe d’asseoir définitivement sa renommée outre Atlantique, grâce notamment à ses « tubes » formatés radio que sont « Misunderstanding » et surtout « Turn It On Again », interprétés invariablement au cours de toutes les tournées du trio jusqu’au départ de Phil Collins.

Chaque morceau est ici crédité par son auteur, alternant les couleurs au gré des inspirations, et si ce disque est profondément empreint d’une mélancolie inspirée par le (premier) divorce de Phil Collins (« Please Don’t Ask », « Alone Tonight »), il la suggère plus qu’il ne l’impose et à aucun moment nostalgie ne rime avec mièvrerie. Ces balades, plutôt sincères et authentiques, sont bien servies par les claviers de Tony Banks. On peut simplement déplorer que Collins en ait fait par la suite son fond de commerce… Cette mélancolie laisse toutefois la part belle à des passages énergiques d’une rare efficacité (le très puissant et sous-estimé ‘rutherfordien’« Man Of Our Times ») et surtout le brillant enchaînement de « Duke’s Travel / Duke’s End » qui reste aujourd’hui un morceau d’anthologie et une véritable leçon de musique.

Duke, sorti avant Face Value, est l’album de transition de Genesis et, bien que très imprégné du « son » Collins, reste un album d’exception, dont la production dévalorise malheureusement trop de ses trésors cachés.