IQ - Dark Matter

Sorti le: 17/07/2004

Par Xavier Méra

Label: Giant Electric Pea

Site: www.gep.co.uk/iq/

Le premier album d’IQ est sorti en 1983, comme celui de Marillion. Ce n’est pas leur seul point commun puisque les deux formations partagent aussi leur principale influence musicale, le Genesis de l’ère Gabriel. L’un comme l’autre ont été considérés comme des meneurs de la scène dite « néo-progressive » des années quatre-vingt, caractérisée par le symphonisme hérité des années soixante-dix, dans une version expurgée de ses ornements luxurieux, et avec les abominables sons de batterie et de claviers de la décennie suivante.
Alors que Marillion a ensuite élargi son vocabulaire et changé de direction, IQ a persisté dans cette voie : Dark Matter n’est donc pas très original. Sa « nouveauté » réside seulement dans le fait que des claviers vintage 70’s ont avantageusement remplacé les synthés typés de la décennie suivante. De plus, l’ombre de Genesis semble plus présente que jamais, et pas seulement du fait du son : cet album est purement progressif au sens étroit du terme, c’est-à-dire qu’il répond aux critères formels d’écriture posés dans les années soixante-dix par Genesis, ELP, Yes, etc.

Il serait cependant erroné d’en conclure qu’IQ ne fait pas preuve d’une personnalité propre ou que le côté formaté de leur musique fasse de Dark Matter une compilation de clichés. Au contraire, même si on reste en terrain très familier, on se laisse facilement emmener dans l’univers sombre – mais pas déprimant – de cet album. L’explication ? Ces messieurs savent écrire, et l’album est marqué par un sens de la mélodie évident. « Sacred Ground » et la suite « Harvest of Souls », dont la durée totale couvre les deux tiers du disque, appartiennent aux modèles du genre et justifient à eux seuls l’acquisition de cet album.
IQ développe des idées fortes, et c’est le principal. De plus, le groupe sait les mettre en forme : l’instrumentation est bien équilibrée, chaque intervention soliste sert le morceau et la cohésion est parfaite. Peter Nicholls pose habilement son étrange voix, croisement impossible entre Peter Gabriel et Jon Anderson, sur l’édifice que les instrumentistes ont construit.

Dark Matter est un heureux album à conseiller à tout amateur de rock progressif classique. Son évidence mélodique en fait de plus un disque à privilégier lors d’une crise de prosélytisme musical envers vos amis peu familiers du genre. Si IQ a pu pâtir de sa réputation de groupe « neo-prog », il faut aujourd’hui se rendre à l’évidence : Dark Matter, comme Subterranea (1997), prouve qu’IQ fait aujourd’hui partie des groupes de première classe dans le genre « classic prog ».