Soft Machine - Live in Paris

Sorti le: 07/07/2004

Par Djul

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

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Cuneiform Records continue d’exhumer à un rythme assez inconcevable des heures entières de musique de la Machine Molle : après Backwards et ses inédits tirés de trois périodes différentes du groupe, deux enregistrements en concert ( Noisette et Virtually), et un album studio (Spaced), le label propose un nouveau live. La particularité de cet enregistrement est de concerner un line-up méconnu du groupe, qui n’a réalisé que quelques dates, et un demi-album (la seconde partie de Five) au cours de ses six mois d’existence, en 1972. Ainsi, après le départ de Robert Wyatt pour une carrière solo et au sein de Matching Mole, le groupe s’efforce de survivre en recrutant John Marshall (ex-Nucleus) à la batterie. Hugh Hopper (basse), Elton Dean (sax), et Mike Ratledge aux claviers profitent également de cette transition pour enregistrer Five, album assez contesté dans la discographie de Soft Machine, qui voit le groupe explorer les facettes les plus expérimentales de sa musique.

Sur ce double CD, on découvre pour la première fois un concert du groupe dans son intégralité, dans la mythique salle de l’Olympia. Les titres joués sont exclusivement tirés de leur classique Third et de Five, auxquels il faut ajouter une poignée d’inédits. Aucun titre du pourtant réussi Four n’y figure, constat d’autant plus étonnant que cet album est un véritable trait d’union entre les deux époques. On retrouve donc le paisible « M.C. », le classique « All White », sublimé par Marshall (qui se fend d’un solo de batterie de… six minutes sur « LBO »), ou encore « As If », un exemple de cohésion de groupe. Le meilleur moment de ce concert reste « Pigling Bland » et son free-jazz tonique. Les titres de Third subissent en revanche un traitement plus discutable : « Slightly All the Time » est amputé de son final étourdissant, et « Facelift » commence par six minutes de ruptures et de crissements pénibles…Terminons par les inédits : « Plain Tiffs » est illuminé par le sax strident de Dean, dont l’ombre plane tout du long de ce concert, tandis que « At Sixes » est une longue improvisation de groupe, de très bon niveau.

Si l’absence du grand Wyatt se fait clairement sentir sur les versions ultérieures de Third, cet enregistrement comble ce manque, grâce à la personnalité d’une formation rare de Soft Machine, très portée sur les claviers et les expérimentations les plus improvisées. Une occasion de redécouvrir, remastérisé, un album épuisé en vinyle et qui vaut une petite fortune sur les marchés spécialisés !

Un mois après ce concert, Elton Dean prenait à son tour la poudre d’escampette, semble-t-il peu enclin à poursuivre la voie jazz-rock dans laquelle ses compères s’étaient engagés. Il sonnera la fin du Soft Machine « historique », Hopper décidant de mettre un terme au groupe juste après 6. Ce n’est qu’en 2002 que cette formation, à l’exception de Ratledge, se retrouvera pour le projet « SoftWorks ».