Paatos - Kallocain

Sorti le: 17/05/2004

Par Aleksandr Lézy

Label: InsideOut Music

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Place à l’émotion ! avec Paatos dont le deuxième album est attendu par de nombreux amateurs de progressif. Ce groupe suédois n’existe que depuis quatre ans, suite à une rencontre entre deux groupes lors d’un concert, mais semble déjà être né sous une bonne étoile. La reconnaissance presque immédiate de la scène progressive, le fait que le tant convoité Steven Wilson de Porcupine Tree s’occupe du mixage de ce nouveau disque et une signature sur le label Inside Out ne sont que des points positifs, preuves, s’il en fallait, d’une réelle qualité, malgré le départ de l’un des deux ex-Landberk, Reine Fiske, remplacé par Peter Nylander à la guitare.

Paatos donne dans la finesse et le refus d’artifices exagérés. La formation est dirigée par un chant féminin d’une magnifique tessiture, fine et douce, faisant penser tantôt à la voix de Beth Gibbons (Portishead), tantôt à celle de Björk. Petronella Nettermalm préfère, avec bonheur, rester dans un registre pop/rock suave et ne s’aventure pas dans les méandres des voix criardes ou suraiguës. Elle semble chercher à « lignifier » les harmonies afin de procurer à l’auditeur une sensation étrange de pesanteur, du fait d’une certaine rigidité mélodique qui paradoxalement se transforme rapidement en légèreté spatiale captivante, grâce à de simples et subtils apports musicaux.
Comme d’autres groupes scandinaves, Paatos développe des atmosphères belles et douces, calmes et dérangeantes à la fois, sombres et intenses, tout en variant les intentions. Il n’est d’ailleurs pas rare de trouver, chez les formations nordiques, une musique apparemment simple mais dont la sophistication est révélée par des arrangements particulièrement soignés. C’est ici que réside la force de Paatos. La délicatesse des sonorités, l’élévation des ambiances, la qualité du travail des rythmes pourtant à dominante lente, les superpositions d’accords et l’instrumentation faite de superpositions de basse, guitares, piano et autres Hammond, mellotron ou harmonium révèlent un réel souci de richesse cachée. Quelque soit la perspective adoptée, elle se caractérise par la recherche d’une certaine spiritualité contenue, à travers de langoureuses intensités.
L’étude des textures et du diaporama sonore révèle beaucoup d’idées : les dédoublements de voix en stéréo sur plusieurs harmonies, les effets sur guitares en sons clairs, les utilisations très diversifiées des différents claviers aux instants les plus propices, les rythmes binaires savamment valorisés par l’exploration du trip-hop dans un système rock… il n’y a pas grand-chose à reprocher.

Jonché de petits cailloux semés les uns après les autres, cet album est le résultat d’un gros travail de composition et d’arrangements, sans lequel il renverrait à coup sûr l’auditeur à une impression quelconque. Kallocain fait preuve d’une réelle maturité et ravira les amoureux de rock progressif à vocation reposante et délicieusement envoûtante.