Minimum Vital - Atlas

Sorti le: 11/03/2004

Par Pierre Graffin

Label: Musea

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Après sept ans d’absence, les Bordelais de Minimum Vital sont enfin de retour ! Leur précédent album, Esprit d’Amor, entraînant et complètement jubilatoire, avait enchanté le milieu progressif par une aisance mélodique et technique peu commune, le tout animé par un plaisir de jouer manifeste et contagieux. Dans un genre qui se prend souvent trop au sérieux, Minimum Vital apparaissait donc comme une véritable bouffée d’air frais. Inutile de préciser avec quelle impatience ce nouveau disque était espéré. Restait à savoir si l’attente allait être récompensée. Indéniablement, c’est le cas, mais avec un petit bémol !

La couleur d’ensemble de ce disque rappelle ainsi rapidement celle de son prédécesseur. à tel point qu’ on ne l’en différencie pas lors d’une première écoute distraite. Les premières mesures de « Saltarello » par exemple, dont la ritournelle est presque enfantine, laissent présager un retour à ce qui faisait tout le charme d’Esprit d’Amor, son ambiance délicieusement médiévale survolée de chants incomparables, pour la plupart des onomatopées. « Volubilis » ou « Louez Son Nom ! » ne dérogent d’ailleurs pas à une règle qui se confirme donc, non sans une certaine déception : les mélodies, moins limpides qu’auparavant, donnent une impression un peu désagréable de « déjà entendu ». La magie semble s’être un peu évanouie, malgré des compositions toujours aussi entraînantes et faussement naïves.
Une écoute approfondie permet alors de constater que le côté pastoral et enlevé disparaît progressivement, mais sensiblement, au profit de compositions plus complexes, voire même emphatiques parfois (« Icarus »), et qui rappellent certains pères fondateurs. « La Ribote », et son dialogue guitare-clavier, peut ainsi évoquer Mike Oldfield, ou l’impressionnant « Atlas » le Yes version Trevor Rabin, mais toujours avec une classe et une maestria qui forcent le respect, malgré une production manquant de relief. Les Bordelais perdraient donc en spontanéité ce qu’ils gagnent en profondeur, mais leurs compositions, plus exigeantes, ne deviennent jamais inaccessibles ou rébarbatives. Leur plaisir de jouer est toujours intact et leur maîtrise instrumentale proprement impressionnante.

A l’image de ces voix qui se marient avec une grâce rare sur le final de « Voyage », Atlas est un album de très haute volée, peut-être un petit rien en dessous d’Esprit d’Amor mais habité de bout en bout par une inspiration et une qualité magistrales. Les mauvaises langues pourront dire que le groupe semble se prendre un peu plus au sérieux mais Minimum Vital ne fait que confirmer son statut de digne ambassadeur du rock progressif hexagonal avec cet Atlas à la portée véritablement planétaire !