Minimum Vital - Pavanes

Sorti le: 29/03/2015

Par Jean-Philippe Haas

Label: Musea

Site: http://www.minimum-vital.fr/

Voilà plus de trente ans maintenant que les frères Payssan et Eric Rebeyrol portent haut les couleurs d’un rock progressif français teinté de folklore d’Oc. Lentement mais sûrement (cinq ans déjà depuis Capitaines), Minimum Vital entretient la flamme d’une musique atypique, unique, qui s’enrichit d’album en album. En deux disques et une heure et demi, le trio expose avec Pavanes l’étendue de cette palette qui s’est élargie et embellie au fil de toutes ces années.

« Javary & Montago » ouvre le bal de manière énergique, voire dansante, un art du « vas-y que je te tire sur la piste » que maîtrise parfaitement le groupe, aussi à l’aise sur la gigue que la pavane, s’emparant du folklore pour lui donner des couleurs actuelles. Les instruments traditionnels (oud, saz) cohabitent avec les guitares acoustiques, électriques, et les claviers : le « son Minimum Vital », en somme. Ces baladins varient les rythmes (souvent soutenus), les ambiances (souvent festives), et les genres issus de différentes contrées, créant ainsi une musique ouverte au monde, quasi universelle. Si les pièces sont plutôt courtes, efficaces, et appellent souvent à battre des mains et à saisir son partenaire, le prog reste discrètement en embuscade : « Folkish » et « L’enfance des Sages » réunissent pratiquement toute la diversité du trio : influences celtiques, rythmes dansants lents ou rapides, passages symphoniques… De la trompette et un soupçon de chant se font entendre de loin en loin, au fil de ce double album essentiellement instrumental où les envolées sont légion. Il est peu probable dès lors de trouver le temps long une seule seconde durant ce bal endiablé où le groupe déploie tout ce qui fait son caractère inimitable, de ritournelles calibrées (dont une sympathique reprise du « Prisonnier Hollandais ») en petits bijoux versatiles.

Gonflée d’énergie positive, animée d’une pulsation organique, la musique de Pavanes trouvera un écho chez les amateurs de « musiques du monde » et en particulier chez ceux qui ont un penchant pour les sonorités celtiques et moyenâgeuses. Mais ce disque enflammé a également sa place dans toute discothèque de rock original digne de ce nom, qu’on se le dise !