Soft Machine - Backwards

Sorti le: 04/09/2002

Par Djul

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

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Soft Machine fait partie de ces groupes de la fin des années 60 qui ont, préalablement à l’invention du progressif stricto sensu (Yes, Crimson, Genesis), ouvert la voie aux artistes des années 70, en inventant le jazz rock. En son sein, de multiples talents apparurent, de David Allen (Gong), en passant par Robert Wyatt, à la carrière solo prolifique et le bassiste Hugh Hopper (qui, une fois Wyatt parti, prit Soft Machine en main).
De cette union, des perles comme « Third » ou « Fourth » (les premiers albums du groupe portent des numéros, repris sur leurs pochettes) virent le jour. On découvrit alors un groupe exceptionnellement doué pour l’impro, avec peu de passages chantés au profit de longues plages offertes au clavier de Mike Ratledge ou à la section de cuivres. En concert, Soft Machine allait encore plus loin, dans des « jams » légendaires ayant la particularité d’être totalement… pertinents, d’où leurs sorties continues (surtout ces derniers temps) de lives.

Parmi ces sorties, ce « Backwards », qui n’est rien de moins que qu’un panel d’une des époques les plus appréciées du groupe, entre 1969 et 1970. On retrouve trois titres enregistrés juste après l’album « Third » avec deux pavés : le très élégant « Facelift », et le barjot « Esther’s nose job », ainsi qu’une version très écourtée du fabuleux « Moon in June », dotée des vocaux bien space en conclusion. Les trois titres sont joués en formation réduite et bénéficie d’un son et d’une précision assez étonnants. Quand à l’interprétation, elle confirme qu’à ce moment de l’histoire du rock, peu de groupes arrivaient à la cheville de Soft Machine.
Suit un enregistrement à la BBC en formation septet, incluant « Facelift » en version raccourcie (et très convaincante, notamment avec sa deuxième partie somptueuse et ses saxophones déchaînés) et « Hibou Anemone and Bear », morceau lui aussi écourté pour le meilleur. Enfin, la démo originale de « Moon in June » est proposée, avec une première partie sur laquelle Wyatt chante et joue tous les instruments, enregistrée après le premier split du groupe en hiver 1968, la seconde partie comptant tout le line-up, reformé au printemps 1969 !

Bref, ce disque est un trésor pour les fans, proposant des enregistrements rares de l’apogée du groupe (supportés par des notes d’Aymeric Leroy très documentées). Pour les novices, ce disque vaut aussi le coup par sa qualité d’enregistrement et de composition parfois supérieures aux morceaux studios (sauf peut être « Moon in June », qui reste intouchable sur l’album « Third »).