Steven Wilson - The Future Bites

Sorti le: 06/01/2021

Par Florent Canepa

Label: Burning Shed

Site: http://stevenwilsonhq.com/sw/

Quand le nom de Steven Wilson est évoqué, notre microsphère se mue en chapelles déchaînées avec en extrêmes celles et ceux qui ont épousé ses évolutions et circonvolutions et d’autres, que l’effet de massification laisse pantois, nostalgiques… voire profondément agacés. Le prince de la pop progressive ne laisse personne vraiment indifférent. Génial, démiurge, tête à claque, pompeux, autarcique, machine créative et tout cela à la fois. The Future Bites arrive dans ce contexte où l’attente est à son comble puisque l’oeuvre qui devait initialement rencontrer les oreilles de son public en juin dernier faisait les frais d’un futur qui mord déjà sous forme d’un virus catastrophe qui repoussa sa sortie.

Pourtant, à part la substitution d’un titre (« Count of unease », clôture-berceuse atmosphérique réussie dont l’homme est coutumier comme il nous l’a précisé en interview), c’est bien l’album de 2020, cette année « maudite » qui nous est présenté. Enflé par le buzz de quelques titres dont un premier extrait avec Sir Elton John en cameo (qui récite plus qu’il ne chante…), The Future is … now ! Plus résolument électronique que son prédécesseur To The Bone (les guitares jouent ici un rôle d’habillage), l’album concentre sa verve sur neuf titres très inégaux. Entre le formellement jouissif (« King Ghost ») et la chute de studio de Blackfield (« 12 things I forgot » et ses choeurs sirupeux), il est difficile de s’embraser pour ce presque nouveau départ avec le même feu qui nous avait consumé tout au long du chemin discographique, quels que soient d’ailleurs ses glissements pop (après tout, ce n’est pas un gros mot). Après plusieurs digestions auditives, force est de constater que la sève des facultés du Britannique se concentre sur ce qui aurait pu finalement donner un Extended Play (morceaux 2, 3, 6 et 9 si vous voulez vraiment savoir…).

Bien sûr, rien n’est déshonorant (à part peut-être les à côtés sur les réseaux sociaux comme cette reprise frivole de Taylor Swift), mais comment vraiment apprécier une oeuvre pourtant ambitieuse (en tous cas, telle que voulue par son auteur à renfort d’éditions collector) au regard du passé inspiré ? On ne blâme pas (trop) les expériences funk car on le sait fan de Prince (« Eminent sleaze »), ni même ses délires électro-falsetto en point critique de la société de consommation (le premier et long « Personal shopper ») mais est-ce que la ficelle n’est pas trop grosse, finalement ? Comme ce « Follower », faussement noisy, qui ne donne pas envie de le suivre. Trop seul en studio, trop rongé par ses références, pas assez net dans son propos (et donc débordant sur ce qu’il avait envie de faire plutôt que ce qu’il avait envie de nous faire écouter), Steven part seul sur les sillons et nous laisse sur le bord de la route. Nous n’avons aucun doute que le spectacle visuel sera à la hauteur mais, sur album, le fervent fan pourtant partant pour le voyage n’y trouvera pas son compte. Steven Wilson n’en a cure, il en est déjà à son prochain side project, sa prochaine trame, son prochain post. Le futur, c’est déjà du passé.