Pain of Salvation - Panther

Sorti le: 28/08/2020

Par Florent Canepa

Label: Inside Out

Site: http://painofsalvation.com/

C’est peu dire que Pain of Salvation avait été remis sur de rutilants rails avec In the passing light of day, intime introspection de son leader charismatique et éléments de réflexions consécutifs à sa maladie. Musicalement, l’album sonnait la véritable entrée en fanfare de son batteur plus si nouveau mais profondément renouvelé, célébrait une association depuis consommée mais sur le coup brillante avec Ragnar Zolberg et offrait globalement des titres d’une puissance métallique laissant pantois.

Panther sort ses griffes et donne à voir un fauve ravivé entre autres par le retour de vieux sang (le sympathique Johan Hallgren, déjà de retour sur la tournée du précédent opus) et ayant soif de nouveauté. En effet, pas question ici de faire du vieux avec de l’ancien. Pas de raison non plus de poursuivre les velléités purement métal. Par de nombreux aspects, l’album surprendra ceux qui ont suivi la carrière des Suédois. L’utilisation d’effets de voix modernes ou robotisés parsème la production et ce, dès le premier puissant extrait « Accelerator » et son vocoder assumé. Ou même le second, « Restless boy », dégénérant en folie frénétique (chapeau à Leo Margarit !). Mélodiquement, Pain of Salvation brasse un peu plus large, n’hésitant pas à emprunter des accents à Queensrÿche (l’eschatologique et très entêtant « Unfuture »), à utiliser des nappes si nécessaire (« Keen to a vault »).

Les clins d’œil en forme de rétroviseur se ressentent d’ailleurs de façon sporadique, au gré d’un mélancolique et très beau « Wait », qui n’aurait pas dépareillé sur Be, tous pianos dehors. Ou encore lorsque son leader singe le nu-metal et ses accents hip-hop (le ténébreux « Panther », comme par le passé avec « Used »). L’autre rituel de la bande est de donner dans l’extra-court (brève interruption au banjo sur « Fur ») ou l’extra-long en fin d’album (« Icon », complainte lancinante progressive sans doute ici moins mémorable que lors de leur dernier exercice de style en date, j’ai nommé « In the passing light of day »). Les textes, profondément captivants, font apparaître une ligne narrative qui partage la société entre chiens (le monsieur tout le monde qui s’adapte aux sociétés modernes) et félins (plus autistes, passionnés et souvent en décalage).

Il faudra beaucoup d’écoutes, beaucoup d’affirmations, d’infirmations et de contre-analyses avant de pouvoir se prononcer sur ce nouvel ensemble de compositions. Mais qui dit qu’il faille seulement se prononcer ? Panther se consomme comme il a été pensé : comme quelque chose de profondément novateur, presque expérimental à l’échelle du groupe. Pas dans le tourment du rock seventies de Road Salt ou dans l’ambition symphonique de Be. Non, ici réside une espèce de force spontanée qui rend l’écoute addictive. Même s’il est difficile d’adhérer à tout, on se plaira à revisiter régulièrement la diversité que l’album se paye le luxe d’offrir à son auditeur. Rien que pour cela, on en feule de plaisir.