Pain of Salvation - BE

Sorti le: 18/10/2004

Par Dan Tordjman

Label: InsideOut Music

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Qu’y a-t-il dans la tête de Daniel Gildenlöw ? La question se pose légitimement après chaque sortie d’un album de Pain Of Salvation. Elle se trouve moins résolue que jamais après l’écoute de Be !

Comme de coutume, l’album contient un concept : Dieu, son existence et tous leurs corollaires jusqu’au traffic d’influence divine et la déviance religieuse. Il peut être utile voire recommandable de se munir des paroles pour une meilleure compréhension, sans quoi il y a de fortes chances de finir perdu ! Attention, thème lourd, donc, chargé de messages et de sens cachés : voici venir l’une de ces histoires au sujet desquelles on se perd en conjectures lors de soirées enfumées.

Clairement, cet album n’a rien à voir avec la discographie passée du groupe. Même si chaque album se différenciait distinctement, les éléments metal étaient toujours présents. On compte bien quelques passages énervés tels “Diffidentia“ ou “Nihil Morari“, mais on entend surtout le piano et les orchestrations, omniprésentes, ainsi que le montre “Pluvius Aestivus“ sur lequel Fredrik Hermanssonn fait des merveilles. Cette alternance violence/douceur est beaucoup plus présente, plus marquée qu’auparavant. On passe ainsi d’un morceau typique PoS, “Lilium Cruentus“, complexe, avec des rythmiques inhabituelles, à un titre comme “Nauticus“ composé seulement de chant et de guitare.

Be, remarquable, mélange judicieusement le folk et la musique celtique avec parfois même une flute rappelant fortement Jethro Tull. Impossible de ne pas penser à une pièce de théâtre à l’écoute de “Dea Pecuniae” – sur lequel Gildenlöw s’offre un superbe duo avec les chanteuses Cecilia Ringkvist et Blair Howatt – tant le morceau est pompeux avec sa montée en puissance et une fin apothéotique rappelant les débuts de Queen. On pense au théâtre donc, voire ! Cinéma, comédie musicale… il y a quelque chose à faire avec ce disque.

Be se résumera en un mot : ambitieux. En effet, Daniel Gildenlöw offre ici l’album le plus riche de la discographie de Pain Of Salvation. Cette abondance, tant dans les horizons musicaux employés que dans le concept de l’album, n’est pas pour autant facile d’accès. Une seule écoute dans votre métro ou votre bus s’avèrera insuffisante, voire inadéquate pour l’assimiler. Non, cette œuvre requiert des conditions d’écoute optimales : un salon, une bougie et une écoute attentive, plusieurs fois pour se rendre compte que Be est un trésor d’originalité avec une production limpide, des arrangements vocaux et instrumentaux peu communs. Il est clair que cet album a sa place à côté d’autres œuvres conceptuelles qui ont marqué le genre comme Operation : Mindcrime ou Brave. Vous cherchiez encore le disque de l’année ? Voici un sérieux candidat. Quant à la question “Qu’y a-t-il dans la tête de Daniel Gildenlöw ?“, il paraît toujours plus difficile d’y répondre.