Between The Buried And Me - Automata part 2

Sorti le: 30/07/2018

Par Julien Giet

Label: Sumerian Records

Site: www.betweentheburiedandme.com

La voici, la seconde partie d’un diptyque plus ou moins nécessaire (nous reviendrons sur le sujet à la fin de cette chronique) amorcé en mars par Between the Buried and Me. Automata 1 nous avait quelque peu laissé sur notre faim, oubliant sa conclusion en lui donnant un faux air d’EP. Que vaut sa suite enregistrée simultanément mais dévoilée 4 mois plus tard ?

D’entrée de jeu, «  The Proverbial Bellow  » lance Automata 2 avec un héroïsme épique et communicatif ancrant musicalement l’œuvre entre The Great Misdirect et The Parralax II. La folie des changements d’humeurs fréquents propres à la musique de Between the Buried and Me sont complètement maîtrisés et s’enchaînent avec une douceur étonnante. Tommy Gilles Rogers (chanteur de la formation) avait annoncé que cet album (Automata dans sa globalité) serait celui des expérimentations vocales ; il n’a pas menti. Le chanteur s’essaie à des effets surprenants mais toujours pertinents, venant sublimer ses interprétations comme en témoigne le dantesque «  Voice of Trespass  » (introduit par un court «  Glide  » aux allures de fête foraine malsaine). Pièce maîtresse de l’album, «  Voice of Trespass  » dépeint parfaitement l’ADN de Between the Buried and Me en la saupoudrant d’un swing endiablé emprunté à Diablo Swing Orchestra qui fait la part belle au bassiste Dan Briggs. Solo de guitare typé manouche, breaks de batterie à la Gene Krupa (!) , cuivres ponctuant les accents, final sombre et lourd, résumer en quelques mots la richesse d’un tel mastodonte est impossible. Perle de composition, délirant à souhait, puissant à bien des égards, cohérent devant l’improbable, nuancé telles des montagnes russes au tracé parfaitement étudié et imprévisible, «  Voice of Trespass  » est un chef d’œuvre. Un chef d’œuvre qui ne laisse malheureusement que peu de chances à la dernière piste de l’album, «  The Grid  », qui conclut brillamment Automata 2 par des notes positives et lumineuses (ce qui, pour Between the Buried and Me, est très surprenant) au travers d’une mélodie accrocheuse débouchant sur un solo « Gilmourien ».

Automata 2 est différent de Automata 1 tout en restant dans sa continuité. Le trouver meilleur n’est qu’une affaire de goût, de ressenti mais aussi d’appréhension. Comprenons nous, la première partie de Automata pouvait laisser une impression mitigée non pas par rapport à la qualité même de l’œuvre mais par rapport à la démarche de commercialisation. Le groupe a souhaité scinder son œuvre en deux parties pour la rendre plus « accessible ». L’idée de base peut se comprendre mais était-ce judicieux de séparer les deux parties de 4 mois ? Surtout que ces deux parties forment un tout solide et cohérent dans son déroulé. Découvrir la seconde moitié d’un album alors qu’on connaît déjà bien la première crée un déséquilibre de prime abord (qui peut nuire à l’écoute globale mais qui peut aussi renforcer l’effet de surprise des meilleurs moments de la seconde partie). La scission de l’œuvre la dessert-elle ? Peut-être. En tous cas, cette seconde partie de Automata sauve largement l’ensemble. Maintenant que Automata est complet, nous pouvons nous délecter du nouvel album d’un des groupes les plus innovants de la sphère actuelle du metal progressif. Et cet album est fabuleux.