Fidel Fourneyron - Animal

Sorti le: 27/05/2018

Par Choréo

Label: ONJ Records

Site: http://www.fidelfourneyron.fr/

A tous les auditeurs, si vous pensez tomber sur une imagerie candide du monde animal, passez votre chemin ! En effet ce n’est pas une simple balade au zoo que nous propose Fidel Fourneyron et son équipe (Joachim Florent à la contrebasse et Sylvain Darrifourcq à la batterie) mais une véritable entrée en matière dans le monde animal. Et il faut dire qu’ils ont du caractère ces animaux !

En premier lieu, le trio nous présente un « Singe » sautillant et plein d’ironie qui semble s’être engagé dans une course effrénée mais qui ne manquera pas pour autant de s’arrêter, histoire de narguer l’auditeur.
Vient ensuite un « Chat » mais pas n’importe quel chat… Non il y a du vice en ce « Chat », ce n’est pas un minou qui se languit mais bien un chat de gouttière. Et s’il a beau être bancal à certains moments, il retombe toujours sur ses pattes. Le grand méchant swing reprend toujours le dessus (la walking bass sournoise de Joachim Florent est à ce moment irrésistible).
Après avoir rencontré ce vilain matou, nous voilà témoins du long périple d’une « Fourmi ». À partir du moment où elle commence son voyage, plus rien ne l’arrête. Le trombone devient obsédant, la batterie hypnotique jusqu’à son arrivée à la fourmilière. C’est la cohue : le trombone rugit, la batterie éclate et la contrebasse claque. Puis, peut-être par goût pour la solitude, la fourmi quitte cette foule et repart pour un autre périple solitaire. Grand coup de cœur pour ce petit animal.
Nous voici maintenant engloutis dans les profondeurs sans forcément comprendre tout de suite ce qu’il nous arrive. Ce n’est qu’au bout de quelques secondes que l’on commence à entendre arriver la « Baleine » (très bon enregistrement d’ailleurs). Pour cette fois-ci, nous sommes presque confrontés à de l’électro-acoustique tant l’ambiance est maîtrisée ! Nous sommes perdus dans l’immensité. Les abysses ? La voie lactée ? Peu importe au final, cette « Baleine » nous fait errer et nous la suivons avec une confiance aveugle.
Tout à coup, Sylvain Darrifourcq nous ramène sur terre et à la civilisation. On entend des outils et peu à peu le « Bison » à la peau dure nous apparaît. Il y a des semblants de rock dans ce titre, la batterie est lourde et nous laisse entendre que ce « Bison » ne plaisante pas…
Puis vient le « Coq », intrus de cet album… Quel drôle de coq. Mais où est passé le fier animal ? Ce coq semble plus se faire déplumer que se pavaner. Il doit sûrement être la risée de la basse-cour…
Après cette explosion musicale, la « Souris » nous remet les idées en place et nous emmène à son tour chez elle. Elle fait des tours et des détours mais on la suit et on ne lâche pas le fil. La finesse du batteur (membre du MILESDAVISQUINTET! entre autres) est évidente et nous colle à la peau. Son jeu rend cette « Souris » très attachante et nous n’avons pas forcément envie de la quitter si vite.
Et pourtant le « Loup » a tout pour plaire à son tour ! Si l’on dit qu’il est affamé, il semble à mon goût plutôt rassasié. Ce « Loup » vantard nous montre qu’il en a dans le ventre et son hymne est furieusement swing. Ça fait du bien et (le comble pour un loup) c’est délicieux ! Finalement celui qui paraissait le plus méchant sur le papier devient le plus sage de ces animaux. Mais ce n’est pas pour autant qu’il perd de son charme, disons qu’il aurait pu apparaître un peu plus tôt.

Pour conclure, Animal est un bon album, intelligent. Si toutes les compositions ne nous marqueront pas au fer blanc, il faut admettre qu’elles vont bien plus loin qu’une vision naïve de la représentation animale. Il faut également saluer le jeu des trois interprètes qui est d’une grande classe et d’une certaine finesse (une pensée particulière au batteur Sylvain Darrifourcq). Les ambiances varient, nous transportent mais ne nous mènent jamais dans des endroits complètement inexplorés… Plus qu’une simple imagerie cependant, il serait sûrement intéressant de continuer l’aventure, histoire de faire de nouvelles rencontres !