Moogg - Italian Luxury Style

Sorti le: 10/02/2017

Par CHFAB

Label: Mellow Records

Site: http://www.moogg.net/

2011 avait vu la naissance très confidentielle de Moogg, quatuor italien installé à Brescia, et dont les intentions stylistiques apparaissaient claires: un esprit jazz rock et canterbury, assumant totalement son inspiration à la source même de ces genres. Force est de constater que l’Italie s’illustre actuellement dans cette branche musicale (Homunculus Res, The Winstons, Picchio Dal Pozzo encore en activité assez récemment ), et dont on oublie souvent qu’elle est à l’origine même du rock progressif. Mais là n’est pas le propos. Ce style tient-il encore la route cinquante ans après son apparition? Eh bien, la réponse est OUI ! En 2017, il est tout à fait pertinent de continuer à célébrer cet alliage si fondateur, sans pourtant sonner daté… Improvisation et savoir-faire en matière de composition, liberté de ton, de format, d’ambition, désintéressement total aux contingences du succès, tout est là pour susciter l’intérêt au fil du temps, de même que le rôle central de ses claviers, dont la magie analogique, sonorités et effets compris (Rhodes, electric piano, Clavinet, Wurlitzer, Hammond, et Moog bien sûr!) est plus que jamais au goût du jour…

Revenons un instant sur 2017 donc, qui débute, et qui va résonner comme une année anniversaire, tant 1967 (il y a un demi siècle donc !) a vu débuter les artistes les plus importants de la fin du 20ème siècle: Hendrix, Bowie, Pink Floyd, Les Doors, Soft Machine, Sergent Pepper des Beatles, pour ne citer que les plus évidents…

Donc Moogg, visiblement en pleine forme, dont le poste de bassiste vient d’être remplacé, et dont l’intention selon son nouveau titre serait de nous faire partager un certain sens du luxe à l’italienne… Qu’en est-il? De l’or, de la peau de zèbre, un cadre style fin 60s, du rouge, du blanc… On jurerait discerner là une certaine ironie… Mais peut-être pas…? Ça, c’est très canterbury par exemple…Italian Luxury Style est un disque énergique, à l’enthousiasme communicatif, hyper rythmé (prouesses du batteur), s’affublant d’oripeaux particulièrement fusion, bien groove (on pense à Weather Report notamment), et de fait pas tant canterbury que ça. Qu’importe, le charme opère (quelques parties de chant très typiquement rock progressivo italiano ou RPI), et puis ça joue sévère, sans doute encore mieux qu’auparavant ! On notera également, et ce dès la première écoute, que ce disque offre plus de consistance que son devancier. Variété des morceaux, sophistication, richesse de ton au sein d’une même pièce, diversification des influences (la Zeuhl fait son entrée sur « L’estinzione Del Congiuntive »), sans oublier un souci mélodique permanent. Bref, là où le premier album proposait une approche assez classique du genre, on aborde ici, comme espéré, des compositions plus travaillées.

Sans révolutionner sa musique, ni la propulser au sommet du troisième millénaire, Moogg confirme non seulement l’espoir qu’il avait suscité, mais présente même une belle marge de progression dès son deuxième album. C’est une excellente nouvelle pour la suite. Pour tout amateur du genre, et bien au-delà.