Initiative H - Dark Wave

Sorti le: 14/01/2016

Par Jean-Philippe Haas

Label: Neuklang

Site: http://initiative-h.com/

Contrairement à ce que pourrait laisser supposer le titre de cet album, Initiative H est un groupe de jazz, toulousain d’origine, qui pioche dans le rock comme dans le classique contemporain, voire la musique électronique. Sous la houlette de David Haudrechy, compositeur, saxophoniste et orchestrateur de Dark Wave, plus d’une quinzaine de musiciens, dont quelques invités de marque (Médéric Collignon, Émile Parisien, Vincent Artaud) se sont réunis pour donner naissance à un disque flamboyant, qui laisse loin derrière le pourtant prometteur Deus Ex Machina (2014).

Dès l’ouverture on sait exactement à quoi s’attendre : visuelles, narratives, les huit compositions passent allègrement de plages où s’expriment les individualités, au gros son d’un big band, sur des passages triomphants pleins d’emphase. On pense très souvent à Ibrahim Maalouf (« Lost In Paradise », « Silent Storm ») dans cette façon de vouloir toucher le plus grand nombre tout en prenant appui sur une élégante sophistication et de subtils arrangements. Initiative H sort ainsi facilement de sa paroisse et embrasse la musique de film autant que la pop (en témoigne notamment la reprise de « Time To Pretend » du groupe MGMT) pour produire de petits joyaux mélodiques nourris d’une discrète complexité. Ça virevolte, ça vrombit, c’est tantôt léger, émouvant, tantôt lourd et puissant. L’équilibre entre l’acoustique et l’électrique est parfait, la trompette, la clarinette et le saxophone écrivent une histoire sur des pages tournées par le Fender Rhodes, les trombones et les guitares. Des voix ponctuent parfois les paragraphes : vocalises, cris et scat déjanté sur « Blackout ». Toute cette jolie clique s’entend à merveille, jouant le plus souvent de simplicité et d’émotion au détriment de la vantardise technique, clairement persona non grata en ces lieux. Quelques notes orientales, des réminiscences de la blaxploitation ou du Giallo apparaissent ça et là et s’ajoutent aux innombrables couleurs d’une musique peu encline à se laisser coller une étiquette.

Haudrechy fait partie de cette nouvelle génération d’artistes de jazz qui goûtent sans honte d’autres plaisirs et les livrent à travers leurs œuvres. Dark Wave est un superbe exemple de la manière dont on peut réconcilier les genres, les faire jouer de conserve pour en tirer de magnifiques moments de musique.