Anekdoten - Until All The Ghosts Are Gone

Sorti le: 29/06/2015

Par Elisabeth Parnaudeau

Label: Virta

Site: http://www.anekdoten.se/

Les Suédois d’Anekdoten ne sont pas du genre prolifique. En vingt-deux ans de carrière, ils n’ont produit que six albums, et huit ans se sont écoulés entre A Time of Day et leur petit dernier Until All The Ghosts Are Gone, huit ans entrecoupés de quelques rééditions et compilations mais sans rien proposer de nouveau. Simple groupe de reprises de King Crimson à ses débuts, Anekdoten s’est par la suite créé une identité propre et reconnue. Il reste cependant fidèle à cette veine rock progressive des années 70, très en vogue aujourd’hui, et ce qu’elle a apporté de meilleur à la musique.

Disons-le d’entrée : Until All The Ghosts Are Gone ravira les amateurs du genre. Sous ses dehors ultra classiques, du titre de l’album à la pochette en passant par la longueur et la composition des morceaux, il propose de belles pépites musicales, finement ciselées, aux mélodies efficaces et accessibles. Comme le veut la tradition anekdotienne, l’album s’ouvre sur un grand morceau de bravoure, Shooting Star, qui n’est pas sans rappeler les deux derniers Opeth, Heritage et Pale Communion – rappelons tout de même qu’Anekdoten se pose presque en « hispter du prog » car ils proposaient ce genre de musique avant qu’elle ne soit à nouveau plébiscitée par de nombreux noms de la scène progressive. Une basse puissante mène cette étoile filante, secondée par les claviers de Per Wiberg (ancien d’Opeth, d’ailleurs), entraînant le tout dans dix minutes d’un tourbillon fiévreux.

La suite de l’album est plus apaisée mais n’en reste pas moins intense. Anekdoten maîtrise l’art de créer des atmosphères tour à tour rêveuses, sombres, bucoliques ou bien planantes, en exploitant le potentiel de chaque instrument. Les mellotrons, orgues et autres piano Rhodes caractéristiques de tous les albums des Suédois, font ici une plus grande place aux autres musiciens. C’est la basse de Jan Erik Liljeström sur Shooting Star, mais ce sont surtout les flûtes de Theo Travis sur plusieurs morceaux, dont les très doux Get Out Alive et If It All Comes Down To You. On ne présente plus ce grand monsieur, qui a déjà officié pour Robert Fripp, Gong, Steven Wilson, Soft Machine… pour ne citer que quelques-uns des artistes avec qui il a collaboré. Les mélopées agiles et délicates qui naissent sous ses doigts apportent une vraie touche de fraîcheur et de légèreté à Until All The Ghosts Are Gone. Notons également la présence du saxophone endiablé de Gustav Nygren sur Our Days Are Numbered, concluant l’album sur une apothéose qui reste cependant en deçà de la frénésie de Shooting Star. Le seul petit bémol qu’on notera porte sur le chant, parfois un peu doucereux et chevrotant. Il a cependant le mérite de ne pas être trop intrusif, les instruments se taillant la part du lion.

Au-delà de la beauté de la musique, notion très personnelle et subjective, ce sont la cohérence de l’ensemble et la rigueur des compositions qui font la réussite de cet album. La facilité d’approche ne cède en rien à la qualité de l’écriture, bien au contraire : Until All The Ghosts Are Gone a beau fourmiller de détails, d’une grande variété d’instruments et de subtilités techniques, il est extrêmement fluide à l’écoute grâce à l’harmonie qui se dégage des six morceaux. En quelques sortes, c’est un bel album à écouter cet été en attendant le concert de King Crimson en septembre !