Anekdoten - Official Bootleg:Live in Japan

Sorti le: 19/05/2005

Par Jean-Daniel Kleisl

Label: Disk Union

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Ce concert commence par un frêle accord de mellotron soutenu par une note de violoncelle et voilà qu’une basse malsaine et bien sale apparaît. En moins d’une minute, on sait qu’il va se passer quelque chose dont on sortira difficilement indemne. En 1997, la réputation d’Anekdoten sur scène n’est plus à faire et le groupe continue sur la lancée de son brûlot infernal sorti en décembre 1995, Nucleus. Le groupe peut même s’offrir le luxe d’être retransmis par la radio nationale suédoise, fait assez rare pour ce genre aussi confiné et confidentiel qu’est devenu le rock progressif. Anekdoten demeure alors le dernier rescapé du triumvirat suédois qui, quelques années plus tôt, a sauvé le prog de l’abîme, Landberk et Änglagård ayant cessé leur palpitante expérience.

Rappelons-le, la formation est née du terreau fertile laissé par le King Crimson des années 1972-1974. Le groupe suédois a pourtant trouvé une voie originale, mais extrême avec Nucleus, son deuxième album, et ce Live in Japan s’en ressent fortement ! Anekdoten, c’est une section rythmique infernale avec ce son caractéristique de basse Rickenbacker branchée sur un ampli Marshall, c’est aussi un mellotron funeste, un violoncelle morbide et une guitare qui tricote des arpèges de cimetière, sur lesquels se superposent des voix plaintives. Lors des concerts et particulièrement celui-ci, qui n’a vraiment rien d’un bootleg, même si aucun morceau n’a été retravaillé en studio, les vagues de doux passages malsains alternent avec des instants d’une lourde violence. C’est la marque de fabrique du groupe certes, mais qui touche là un point jamais atteint dans les albums studios !

Ce concert offre une nette amélioration des titres de Vemod, ici au nombre de six sur les sept que compte l’album dans sa version originale. Certains passages, surtout les parties vocales qui étaient un peu hésitantes en studio, se retrouvent magnifiées à Tokyo et « The Old Man and the Sea » en représente un flagrant exemple ! Les morceaux provenant de Nucleus sont démentiels, particulièrement « Book of Hours », pièce parfaite pour présenter le groupe… passage calmes, doucereux, airs terriblement malsains alternés avec des parties totalement dissonantes et sauvages. La palme revient toutefois à ce que les fans du groupe ne connaissaient pas à l’époque, c’est-à-dire deux morceaux du futur From Within, « Slow Fire » et « Groundbound » – le solo de guitare le plus minimaliste de l’histoire du rock ! – présentés ici dans des versions supérieures à l’album, les vocaux exceptés. Mais ce n’est pas tout : ce live est surtout indispensable en raison des improvisations qu’on y trouve, en particulier la version allongée de « Rubankh » et surtout le superbe « Tabatah », l’une des meilleures pièces jamais jouée par le groupe : à lui seul, ce morceau vaut l’achat de l’album. On reprochera alors à cet album… ce qui n’y est pas ! En particulier une version scénique de « This Far From the Sky », histoire de chipoter…

Avec ce Live in Japan, malheureusement difficilement trouvable, Anekdoten signe une petite merveille tellurique dont les cendres rougeoient encore aujourd’hui ! Il n’est pas trop polémique de dire que de tous les albums en concert que le triumvirat suédois – rappelez vous : Anekdoten, Landberk et Änglagård – a sortis, celui d’Anekdoten est le plus essentiel. Dans l’attente d’un nouvel enregistrement scénique de cet immense groupe, ce petit rappel ne s’avère point fortuit !