Transatlantic - Kaleidoscope

Sorti le: 02/02/2014

Par Dan Tordjman

Label: Inside Out

Site: www.transatlanticweb.com

Il est un peu difficile de chroniquer un album de Transatlantic. Le rédacteur ne sait jamais se placer entre fan attitude et pondération. Pourtant, nombreux sont ceux qui eurent des difficultés à digérer The Whirlwind et son unique titre subdivisé en moult sections, que notre cher Jean-Philippe Haas eut grand plaisir à couvrir en dépit de l’usage honteux et outrancier du voice-over.

Pas de parasite vocal ici. Vous verrez au fil des lignes que Kaleidoscope s’apparente un peu à ce plat américain prisé des gourmets outre-Atlantique, celui qui est communément appelé burger. On rentre dans le vif avec, Ô surprise, « Into The Blue » et Ô surprise, une longue intro qui monte en puissance, agrémentée de riffs couillus chers aux Flower Kings dont l’influence est grandement présente. On remarquera notamment cette voix étrange, similaire à celle de Gollum, que l’on a pu entendre sur les productions du Roi des Fleurs. Autre apparition appréciée, celle de Daniel Gildenlöw, devenue somme toute logique vu que le Suédois est présent avec le groupe depuis ses débuts scéniques. C’est au niveau des textes que les purs et durs pourraient tiquer, vu que Neal Morse fait encore une éloge au Divin en évoquant les écrits de Saint-Paul. Qu’ils se rassurent : ça n’ira pas plus loin et là, vous avez votre première tranche de pain.

La tranche de cornichon qui vient habituellement se poser sous votre pain s’appelle ici « Shine ». On ne s’attardera pas dessus, c’est un simple cornichon. Disons simplement que n’est pas Pink Floyd qui veut. Si l’on passe, en théorie, au steak, on devrait parler de « Black As The Sky » comme un bon morceau bien juteux, fort en goût. Et c’est le cas ! En dépit de sa courte durée, c’est une véritable explosion en bouche (ici en oreille). Les quatre musiciens sont au taquet. Avec une coloration riche en Spock’s Beard et Deep Purple, ce titre est amené à être réclamé à corps et à cris lors des concerts de Transatlantic à venir, ne serait-ce que pour son refrain magistral cuit à point avec des harmonies parfaites de Mike Portnoy et Pete Trewavas. A se demander si ce n’est pas le meilleur titre du disque.

En dessous de ce steak (le premier qui redemande un cornichon prend la porte) se trouve une très bonne tranche de fromage, « Beyond The Sun » sorti à n’en pas douter de la seule plume de Neal Morse, et aux forts relents d’Anderson Wakeman Bruford & Howe. On ne parle pas de la voix ici bien sur, mais de l’ensemble. Et ledit ensemble s’avère être un enchaînement parfait pour la dernière tranche pain : le titre éponyme « Kaleidoscope », un pur moment de bonheur progressif mâtiné de quelques touches symphoniques. On ne va pas bouder notre plaisir. Alors qu’« Into The Blue » s’envolait textuellement dans les hauteurs célestes et divines, les paroles du titre de fin se veulent plus terre à terre, traitant notamment du monde tel qu’il est aujourd’hui. L’interaction entre le chant de Roine Stolt et celui de Neal Morse est à saluer ici et ce titre clôt l’album comme « Into The Blue » l’a débuté.

Une fois de plus, Transatlantic a mis les petits plats dans les grands, mélangeant grandiloquence et retenue, spontanéité et sobriété, le tout avec une nouvelle fois une production et un mixage soignés (Merci Rich Mouser !). Difficile de prévoir où ils peuvent aller après un tel album, bien plus digeste que son prédécesseur. Les voir explorer des terres musicales où le propos serait raccourci pourrait être intéressant à envisager. Pour le moment, il est impossible de voir où le vent les mènera mais en attendant, vous avez avec Kaleidoscope un très bon burger servi à point, à vous mettre sous la dent. Bon appétit !

PS : Vous aurez remarqué qu’il n’est pas question ici du disque bonus, composé de reprises de Yes, King Crimson, Electric Light Orchestra ou encore Elton John. Non pas qu’il ne soit pas intéressant, mais nous ne l’avons pas reçu. On vous laisse vous faire votre avis et pourquoi pas, nous le faire connaître.