Mike Patton - Mondo Cane

Sorti le: 01/09/2010

Par Jérémy Bernadou

Label: Ipecac Recordings

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On entend parler de Mondo Cane depuis longtemps. Dès la première tournée en 2007, les bootlegs commencent à fleurir… autant que la curiosité des fans de Mike Patton. Après le « rafraîchissant » projet Peeping Tom qui n’a pas fait que des heureux, le chanteur fou reprend son côté le plus crooner, dans un registre bien différent. Accompagné par un orchestre classique, l’Américain s’approprie le répertoire de la musique populaire italienne des années cinquante et soixante.

Constamment repoussé, l’album studio sort finalement en mai dernier. Et l’attente a été profitable, tant le produit est léché. Le concept de « chansons rétro chantées à l’ancienne », perceptible lors des concerts, est ici dynamité : Mike ne cesse d’exploiter la galerie de sons et de bruitages en tous genres dont il est capable, tout en préservant un chant toujours aussi classe. Certains titres ne sont d’ailleurs pas si éloignés de l’album California de Mr. Bungle, ambiance « Sweet Charity » ou « Vanity Fair ».

Heureusement, Mondo Cane est court, et le ras-le-bol que l’on pouvait redouter de voir poindre n’arrive jamais. Malgré l’aspect « mielleux » des titres choisis, Mike Patton parvient à faire passer la pilule de façon naturelle, notamment grâce à une certaine autodérision et un réel sens du second degré. Les arrangements jouent en permanence avec l’emphase et le sirop qui en découle (« Quello che conta »), mais le maître à bord n’en oublie pas pour autant ses excès les plus nerveux (l’impressionnant « Urlo negro »).

Le chanteur sort ici son costume blanc et ses cheveux gominés pour effectuer une relecture en règle, loin d’être sans surprises. Ceux qui détestent le personnage ne risquent pas d’accrocher outre mesure tant il entretient son côté mégalomane. Toujours est-il que tous ces refrains restent longtemps dans un coin de la tête, et c’est exactement le but de ce genre de disque, en fin de compte.